L’aménagement du temps de l’enfant
Quel est votre point de vue sur la possibilité donnée aux collectivités de revenir aux quatre jours scolaires?
Nous demandons 4 journées et demi.
"Ce n’est pas du dogmatisme, ni même un fétiche. C’est simplement dans l’intérêt des enfants et bon pour les apprentissages. Et ce n’est pas nous qui le disons, c’est, l’académie de médecine !" C'est en ces termes que Liliana Moyano, présidente de la FCPE s'est adressée au ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer lors du CSE chargé d'examiner le décret autorisant les communes à revenir à la semaine de 4 jours, le 8 juin dernier. Un peu plus tôt dans la matinée devant le ministère, une délégation de parents venus de toute l'Ile-de-France brandissait une banderole et une caricature de Berth, réalisée à cette occasion pour la FCPE. Les parents ont crié "L'enfant n'est pas un jeu, monsieur le ministre !"
Depuis, la FCPE ne cesse de relever des dysfonctionnements. Des pressions s’exercent, en effet, depuis plusieurs semaines sur la communauté éducative autour du projet de décret (publié depuis) sur la semaine de 4 jours :
- Des conseils d’école « extraordinaires » convoqués sans respecter le délai légal de 8 jours avec pour seul sujet à l’ordre du jour : le rythme de la semaine dès la rentrée 2017,
- Des conseils d’école qui ne respectent pas les principes même des textes de loi, à savoir d’organiser leur tenue sur des horaires qui permettent aux parents élus d’y siéger,
- Des courriers injonctifs des académies, envoyés aux collectivités pour les inciter à demander des conseils d’école,
- Des propositions de « vote » par procuration, d’émission d’avis par écrit….
D’ores et déjà, la résistance s’organise. Lettre ouverte aux maires, demande d’évaluation, réunions de parents. La FCPE ne laissera pas les politiques jouer avec le bien-être et l’apprentissage de leurs enfants.
Pour la FCPE, on est bien loin de l’école de la confiance que le ministre dit vouloir créer et faire vivre.
La coéducation, la confiance se construit dans le respect du dialogue et aussi dans celui du bon fonctionnement des instances.
L'apprentissage dès 14 ans
En ce qui concerne l'apprentissage dès 14 ans quel est votre avis?
Pour nous, c'est toujours non. De manière cyclique, les parlementaires remettent sur le tapis la sortie précoce du système scolaire. Ainsi dans le cadre du texte sur le renforcement du dialogue social, la FCPE a découvert un amendement (n°248) proposant la création d’une « formation d’apprenti junior ». Elle appelle les parlementaires à rejeter cet amendement.
Loin de constituer une voie de diversification au collège, cette mesure signerait la fin du collège pour tous. Elle organiserait l’éviction précoce des élèves en difficulté en mettant en place une voie d’exclusion. En outre, en répondant à l’échec scolaire par l’apprentissage, on s’exonère de toute réflexion sur les causes de cet échec.
L’apprentissage doit être un parcours choisi, réfléchi et accessible à la fin du collège, pas avant.
La FCPE appelle les parlementaires à rejeter cet amendement qui est une remise en cause du collège unique, l’exposé de ses motifs ne manque d’ailleurs pas de le rappeler. Si le modèle du collège unique est perfectible, il conviendrait de s’interroger sur ses carences, plutôt que d’en exclure les élèves les plus en difficulté.
Les données des élèves et les « GAFAM »
Vous avez réagi à cette information
La FCPE a pris connaissance d’une communication de la direction nationale du numérique – DNE- indiquant qu’il était désormais possible de fournir aux « GAFAM », grands groupes fournisseurs de service web, les annuaires des établissements, ceux-ci ayant des conditions générales d’utilisation – CGU - « éducation » couvrant cette utilisation.
Ceci ne peut qu’alerter les parents d’élèves que nous sommes. Le développement des outils numériques au sein de l’Education nationale répondait jusqu’alors à un principe intangible, la sécurisation des données des utilisateurs. Qu’en sera-t-il désormais alors que Facebook notamment, à été condamné ces jours ci par la CNIL pour non-respect de la loi informatique et libertés ?
La sécurisation des données des élèves est un principe qui doit demeurer, y compris par la souveraineté des données scolaires, c’est-à-dire, le stockage de ces données sur des serveurs en territoire national.
Cette sécurisation passe également par une anonymisation des adresses des élèves, ce qui ne semble pas être le cas dans la communication de la direction du numérique éducatif - DNE. Il s’agit là d’un principe simple permettant notamment de se prémunir contre le harcèlement et le « phishing » ou hameçonnage, c’est-à-dire l’envoi massif de mails frauduleux demandant de l’argent ou des informations personnelles sur des adresses trop facilement identifiables.
Si la refonte des espaces numériques de travail – ENT-, trop disparates selon les académies est une nécessité, elle doit se faire sur le principe de la sécurisation et de la souveraineté des données.
Une réponse technique ne saurait tenir lieu de justification. Si les « GAFAM » ont une force de frappe indéniable concernant les outils de collaboration numérique, ils ne sont pour autant pas garants de la sécurité des données des élèves. La FCPE défend depuis longtemps les principes de l’open data et de l’open source dans l’Education nationale.
Elle réaffirme son opposition claire à l’utilisation par les « GAFAM » des données des élèves, la plupart du temps mineurs. Elle souhaite des éclaircissements rapides de la part du ministère sur cette situation.
Crédit photo : Xavier Pierre
Dernière modification le vendredi, 21 juillet 2017