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Le peintre Augustin Rouart est longtemps resté un peintre méconnu. Issu d’une illustre famille d’artistes étroitement liée à l’impressionnisme, c’est son fils Jean-Marie Rouart qui a œuvré à sa reconnaissance. Il est exposé en 1987, à son initiative. La Villa Montebello propose une rétrospective thématique ancrée dans son environnement familial. 

Une famille d’artistes

Sur les hauteurs de Trouville-sur-Mer (Calvados), l’élégante Villa Montebello est le temps d’une exposition le port d’attache de la famille Rouart. Le parcours consacré à Augustin Rouart (1907-1997) offre un focus sur sa famille, foisonnante de personnalités artistiques. Cette famille constitue un héritage et probablement un poids. Son grand-père Henri Rouart (1833-1912) était industriel et un inventeur, et aussi peintre, collectionneur d’art. Ami d’enfance d’Edgar Degas, il a participé à l’exposition inaugurale de l’impressionnisme en 1874 dans l’atelier de Nadar. Un de ses tableaux représente l’intérieur fastueux de son hôtel particulier parisien avec un accrochage dense à touche-touche. Une autre de ses toiles est une vue de la Seine aux environs de Rouen.

Du côté maternel, le grand-père Henry Lerolle (1848-1929) également artiste exerce une forte influence sur Augustin Rouart car il l’encourage à peindre alors qu’il souhaite devenir musicien. Intérieur d’Henry Lerolle fait penser aux peintures hollandaises. Dans la lignée de l’impressionnisme, il favorise un état d’esprit créatif pour qu’Augustin Rouart réalise ce qu’il souhaite peindre et trouve son style. Les Jeunes filles au piano d’Auguste Renoir représentent ses filles – la mère et la tante d’Augustin Rouart. Toutes deux se sont mariées à deux fils d’Henri Rouart, ces deux mariages organisés par Degas se sont avérés catastrophiques. Christine Lerolle (1879-1941) est dessinée par Maurice Denis, témoin de son mariage qui lui a offert ce pastel. Dans une vitrine, les deux sœurs Lerolle sont en compagnie de Degas et photographiées par Degas. Une autre photographie montre Claude Debussy au piano, il était un grand ami de cette famille. Un dessin est signé Paul Valéry, marié à la cousine de Julie Manet (1878-1966). Le portrait d’Augustin Rouart enfant est signé par sa tante - fille de Berthe Morisot et nièce d’Edouard Manet. Julie Manet épouse du peintre Ernest Rouart (1874-1942) a eu un rôle protecteur auprès d’Augustin Rouart qui ne vendait pas ses toiles, il a connu des difficultés financières, un déclassement. Pourtant, il a continué à peindre, ne se mêlant pas au milieu artistique de son temps et ne cédant à aucun courant pictural à la mode comme l’abstraction. 

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Consécration tardive

Il était proche de son frère Philippe Rouart (1904-1993), céramiste et peintre. La salle des natures mortes montre leur complicité artistique. Dans des toiles sont mises en scène des porcelaines exposées dans une vitrine. Deux autoportraits sont frappants par leurs ressemblances. Les deux frères étaient également amis. 

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Dans ses autoportraits, Augustin Rouart semble anxieux. Il est pétri d’idéal et d’exigence, il a pour maîtres Hans Holbein, Gustave Courbet et Albrecht Dürer qui a inspiré son monogramme. Les principaux paysages de l’exposition sont des bords de mer de l’île de Noirmoutier. Augustin Rouart y avait acheté une maison qu’il aimait beaucoup, détruite pendant la Seconde Guerre mondiale. Les couleurs pastelles contribuent à la sérénité des tableaux. 

L’écrivain et académicien Jean-Marie Rouart (né en 1943) a été dès son plus jeune âge le modèle de son père. Ses premiers souvenirs correspondent à des réveils nocturnes, Augustin Rouart le dessinant. 

Un espace relate les Aventures de Nounours. Ce sont des reprises de lettres illustrées adressées à Jean-Marie Rouart enfant. Le projet éditorial de cette bande dessinée n’a pas abouti. 

C’est sur le tard et par son fils qu’Augustin Rouart connaît une consécration. Il lui permet d’être exposé de son vivant en 1987 – il avait été exposé dans quelques galeries de façon épisodique. En 2006, une rétrospective posthume le met à l’honneur au Musée des Années Trente à Boulogne-Billancourt. Certaines de ses toiles sont devenues iconiques comme Le Nageur (1943) actuellement exposé au Petit Palais à Paris, et Lagrimas y penas (1943) dont l’illustration a servi de couverture à des livres.

Dans le parcours, un tableau d’Edma Morisot est une rareté. Il appartient à la collection permanente du Musée Villa Montebello, située à l’étage avec des œuvres dédiées aux bains de mer, une salle sur le peintre André Hambourg et une section sur Trouville comme ville inspirante pour les artistes. La vue sur la mer est superbe avec le célèbre Hôtel Les Roches noires. 

Cette Villa Second Empire a été un lieu de mondanités et a subi des revers pendant la Première Guerre mondiale. Au début des années 1970, la Villa Montebello accueille le musée de Trouville et auparavant, il s’agissait d’une école (incroyable école !). Les salles de classes occupaient le rez-de-chaussée. A l’étage ont été maintenus bien après la fermeture de l’école les appartements des instituteurs. Désormais la transmission de la culture se fait par le choix d’expositions : Gustave Flaubert, Courbet, des peintres du XXe siècle comme Augustin Rouart et prochainement Jacques Cordier.

Fatma Alilate

Exposition Augustin Rouart en son monde, avec Julie Manet, Berthe Morisot, Maurice Denis…

Musée Villa Montebello – Trouville-sur-Mer

Commissaire : Karl Laurent

Jusqu’au 22 septembre 2024

Exposition labellisée Normandie impressionniste

« L’Enfant au gilet rouge », 1948, Petit Palais Paris, et Série « Enfant dormant », 1946, Collections particulières - Exposition « Augustin Rouart en son monde » Trouville-sur-Mer © Fatma Alilate

« Autoportrait au pinceau » d’Augustin Rouart, 1944, Petit Palais Paris - Exposition « Augustin Rouart en son monde » Trouville-sur-Mer © Fatma Alilate

Section Natures mortes - Exposition « Augustin Rouart en son monde » Trouville-sur-Mer © Fatma Alilate

Dernière modification le dimanche, 11 août 2024