1 – Présentation de l’apprentissage adaptatif
Vous pouvez accéder en cliquant sur la carte ci-dessous à une synthèse de la partie ‘présentation’ de l’article qui regroupe les différents éléments présentés selon trois modèles : le modèle pédagogique, le modèle économique et le modèle de données construit et exploité.
Cette approche de l’enseignement induit quelques réflexions critiques, présentées dans l’article et que je partage.
2 – Le modèle est dicté par le marché
Ça n’est pas nouveau, c’était déjà recherché avec les MOOC, mais cela devient de plus en plus clair. On est loin de la philanthropie angélique prônée par les évangélistes des MOOC. L’idée est clairement de proposer un outil économique pour faire apprendre les étudiants. La solution proposée est considérée comme le meilleur compromis coût-accès-qualité.
On peut voir que des financeurs de premier rang soutiennent cette démarche (OMC, OCDE, fondation B&M Gates, etc…). Ces subventions, sans doute conséquentes, permettent de limiter l’impact de la R&D sur le coût global du produit et d’accélérer sa rentabilité.
3 – L’individualisation des parcours
L’apprentissage adaptatif peut effectivement être pertinent pour résoudre partiellement des problèmes d’hétérogénéité des classes. Cependant, ça n’est pas la seule solution. Anne Sliwka propose une autre vision dans son article From homogeneity to diversity in German education qui se résume dans le schéma ci-dessous :
J’apprécie particulièrement cette approche, plus exigeante pour l’enseignant, mais qui ne vise plus une individualisation mais une personnalisation du parcours (cf. l’individu, la personne et le MOOC).
4 – L’enseignant est tenu d’évoluer
On le disait déjà avec les MOOC (et même avant), on le redit encore ici… Mais cela semble de plus en plus inévitable. L’apprentissage adaptatif est sûrement un bon outil pour tout ce qui tient de la mémorisation de savoirs et de ‘gestes élémentaires’ (par exemple pour la prise en main de logiciels). Mais si tout le contenu est ainsi proposé en ligne, le cours en face à face doit évoluer pour être un espace de manipulation, d’intégration et de développement de compétences.
Marcel Lebrun ne disait pas autre chose en 2009 : si l’enseignant a peur de disparaître face au numérique, il a sans doute raison … s’il n’apporte pas une plus-value significative de questionnement, de validation, de sens (à la fois orientation et signification) pour les étudiants.
Cette évolution nécessaire doit être intégrée rapidement pour accompagner et former les enseignants à ces démarches et éviter qu’ils ne soient déqualifiés. Ce travail a aussi un coût qu’il va falloir prendre en compte (et pour l’instant, les financeurs de la R&D cités ci-dessus ne se sont pas positionnés pour cette dépense).
5 – Quel modèle d’enseignement-apprentissage voulons-nous ?
L’apprentissage adaptatif propose l’accumulation d’un savoir atomisé et vise une tête bien pleine. Cette approche ne semble pas suffisante. L’enseignement doit surtout développer des compétences de haut niveau : apprendre à apprendre, esprit critique, créativité, travail en équipe/collaboration, …
Encore une fois, il ne faut pas croire que la technologie (MOOC, apprentissage adaptatif ou autre) sera LA solution magique a tous les problèmes. Par contre, son usage raisonné dans une démarche construite peut offrir des contextes d’enseignement riches et tout à fait pertinent.
De même, une base de la pédagogie est de proposer des activité variées : ne nous limitons donc pas à la solution ‘buzz’ du moment.
Conclusion en forme de vœux
Il est temps que les acteurs de l’éducation, à tous les niveaux, se réveillent et redéfinissent notre modèle éducatif si l’on ne veut pas subir demain un modèle dicté par le marché globalisé et des groupes étrangers : le français étant une des langues les plus parlées du monde, des éditeurs vont sans doute vite proposer des outils pour la francophonie et donc interférer sur notre modèle éducatif national…
Je vous souhaite donc une belle année 2015, année du réveil pour construire ensemble un modèle éducatif qui ne se limitera pas à l’aspect pédagogique mais intégrera aussi l’aspect économique…
Le 6 janvier 2015
Mention créative commons