L’espace de formation est devenu, me semble t-il, un objet de réflexion tendance. On s’aperçoit enfin que le numérique modifie nos habitus professionnels, notamment ceux qui convoquent nos représentations spatiales. Les analyses immobilières et mobilières doivent être mises au regard des enjeux de formation. Des rapports sont publiés, des chercheurs se rencontrent, débattent et proposent.
C’est le temps où il faut convoquer les utopies et oser proposer des projets disruptifs. Pour une fois mon billet sera en forme de prospective, de page blanche électronique ouverte à la ruse intellectuelle, au bricolage conceptuel.
La salle de formation est imaginée au sein de structures immobilières qui sont chargées de sens. On souhaite ouvrir l’école, la faire entrer dans l’ère du numérique. On ne cesse de convoquer les concepts de collaboration, d’intelligence collective. Si je comprends bien ces derniers, on souhaite faire tomber des murs, faire en sorte que le dedans aille vers le dehors et que le dehors imprègne le dedans. Nous sommes, au quotidien, engagés dans le réel des pratiques mais nous ne pouvons ignorer les formes symboliques des lieux.
Ouvrir c’est voir ! Or le murs sont hermétiques et ils ne sont pas, malheureusement, fait que de briques. Ils sont aussi dans les têtes (la persistance des représentations 1.0). Par conséquent, abattre les murs (au moins symboliquement) est une ardente obligation, qu’ils soient fait de briques et/ou par empilement de certitudes. Enseigner est une forme de paradoxe qui consiste à ouvrir l’esprit citoyen, à développer une culture humaniste mais … en se calfeutrant. J’ai quand même le sentiment après quelques années d’enseignement qu’au-delà de sa classe « l’enfer c’est les autres ».
Alors soyons fous, osons. Créons la classe transparente, celle qui a des murs en verre. Je ne parle pas de la bande de vitre au-dessus des portes manteaux, qui m’a toujours fait bondir, car elle est un symbole de la surveillance qui n’ose pas dire son nom (je cache, je dévoile).
J’imagine la classe faite d’un mur de verre ou l’on pourrait faire le choix du montrer / cacher (mon propos n’est pas d’imposer la transparence mais de la susciter).
Mon propos n’est pas spécialement innovant car de nombreux architectes ont déjà créé des maisons de verre. L’Apple store de NYC, sur la 5ème Avenue en est une représentation emblématique (dans le principe car le magasin est au sous-sol).
Et si une collectivité locale osait cette démarche ? (peut-être existe t-elle ?). S’engager dans la création d’ une salle de formation aux potentiels de transparence ? La technologie rend possible l’interaction avec les murs. Un mur de verre peut laisser passer la lumière mais aussi la bloquer avec ces solutions.
Le mur, cet objet que nous n’interrogeons plus, ou si peu, parce qu’il fait partie de notre environnement. Il comporte des fenêtres, des encadrements de portes, des gaines indésirables etc. Le mur de verre serait une solution idéale de ce point de vue. On imagine assez aisément le champ des possibles qui pourrait s’ouvrir avec ces surfaces de projection du savoir…
Les technologies existent
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Voici quelques réflexions jetées pêle-mêle pour alimenter mes analyses sur l’espace de formation. Il faudrait y ajouter une entrée théorique de l’architecture. Quelle est le rapport entre la rue et le bâtiment ? Quid du dialogue de l’extérieur vers l’intérieur ou inversement. Je tenterai de poser quelques pistes dans un autre billet.
Ce billet est une invitation au débat. Si vous êtes architecte, designer, responsable d’une collectivité locale, chercheur, responsable du ministère, ou représentant d’un groupe de BTP, n’hésitez pas à venir alimenter le débat. À vos claviers ?
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Dernière modification le mercredi, 03 février 2016