D'abord, pour profiter des ressources directement dans leur manuel, mes élèves devaient disposer d'un appareil connecté de type smartphone ou tablette. Ensuite, la création d'un compte sur le service en ligne était une étape obligée. Or, un enseignant doit tenir compte de la protection des données personnelles de l'élève et le fait qu'un courriel soit indispensable pour faire fonctionner l'application constituait un obstacle difficilement surmontable. Enfin, pour accéder aux ressources complémentaires,il ne suffisait pas de scanner une page. Il fallait s'abonner à ma chaîne pour profiter des interactions entre la page du manuel et les différentes ressources que j'avais préparées. Dans ces conditions, la réalité augmentée avec Aurasma me paraissait quasi inaccessible, au regard du nombre d'obstacles à franchir avant de pouvoir s'approprier l'outil. J'ai donc abandonné cette idée jusqu'à récemment. Cet été, je me suis inscrite en tant que bêta-testrice pour le service en ligne Metaverse. C'est décidé : après les vacances de la Toussaint, j'intègre la réalité augmentée dans mes cours !

Métaverse, qu'est-ce que c'est ?

À partir du studio accessible en ligne sur un ordinateur, je peux créer très facilement de la réalité augmentée sans avoir besoin de coder ou d'être experte en ingérierie pédagogique. Avec cet outil, je visualise et développe mon scénario pédagogique en utilisant des scènes et/ou des blocs pour créer des interactions. 

N'importe qui peut accéder à une expérience créée, à condition d'avoir l'application gratuite Metaverse installée sur son appareil connecté. Visualiser une « expérience » ne nécessite pas la création d'un compte. La magie opère dès lors que l'on a scanné le code QR.

Comment intégrer Metaverse dans un cours de langues ?

Une façon originale de travailler des compétences sociales et linguistiques

Pour tester Metaverse, j'ai créé très facilement une expérience mêlant des supports divers afin de créer un défi d'évasion portant sur Winchester House, l'une des maisons hantées les plus connues aux États-Unis. Sa propriétaire, Sarah Winchester, héritière des carabines Winchester ayant entraîné la mort de milliers de personnes, a pendant 38 ans, 7 jours sur 7, effectué des travaux d'agrandissement. Elle a également fait construire des escaliers de 13 marches qui ne menaient nulle part, ainsi que des chambres avec des portes donnant sur un mur. Ce sujet étant un excellent support culturel et linguistique, j'ai profité de la période de Halloween pour créer une expérience mystérieuse. Pour commencer, un fantôme s'adresse directement à la personne en train de vivre cette « expérience ». Pour continuer, il faut saisir son prénom. Car tout au long du scénario, le fantôme s'adresse à  nous nous singulièrement. C'est une façon de plonger l'élève au cœur de l'expérience. Il n'est pas à l'extérieur de la scène mais bien à l'intérieur même s'il ne porte pas de casque comme cela aurait été nécessaire dans une expérience de réalité virtuelle. 

Pour avancer dans l'histoire, il est possible de créer des questions à choix multiple, des questions fermées ainsi que des questions nécessitant la saisie d'informations telles qu'un nombre ou 

un ou plusieurs mot(s). On pourrait très bien envisager une phrase. Par ailleurs, comme dans tout jeu, il est possible d'introduire des récompenses à collectionner et même d'établir un palmarès pour savoir quels badges ont été gagnés. Ce tableau permet au professeur de s'assurer que les élèves ont bien effectué le travail demandé et de vérifier quel niveau ils ont atteint. 

Il est également possible d'ajouter des tâches avec une contrainte de temps imparti. Dans le jeu que j'ai créé, l'objectif consiste à faire découvrir la vidéo de la maison Winchester avant de vérifier la bonne compréhension du contenu. J'ai donc paramétré l'activité afin que sa durée ne puisse pas être inférieure à la vidéo. Lorsque les élèves parviennent à la fin de la vidéo, ils peuvent alors répondre aux questions. Pour répondre aux questions et ne pas se retrouver coincés, les élèves doivent collaborer et s'entraider. A la fin du parcours, ils doivent laisser leurs impressions par écrit sur cette visite dans un padlet que j'ai intégré. 

Autres usages possibles : 

Interaction écrite avec un chatbot 

J'envisage également de me servir de la réalité virtuelle pour de l'évaluation formative. L'élève devra intéragir à l'écrit avec un chatbot. En répondant correctement, il pourra avancer dans le parcours et gagner un billet d'avion qui lui permettra d'aller visiter la Winchester House. 

L'apprentissage de l'autonomie

L'utilisation de la réalité augmentée permet à l'élève de construire son autonomie. Il doit interagir seul et/ou avec son groupe pour comprendre la situation et effectuer les bons choix. Parce qu'il est possible de créer des parcours non linéaires, j'envisage de créer des expériences où l'élève accéderait à différentes ressources en fonction de ses besoins.

Si l'élève est seul, cela lui permet de s'auto-évaluer en constatant les progrès accomplis et les efforts qu'il lui reste à fournir.

Si l'élève utilise la réalité augmentée en groupe, chaque membre du groupe développe des compétences sociales telles que l'entraide, la collaboration, l'écoute. Pour prendre les bonnes décisions, ils devront discuter, argumenter, se corriger, analyser leurs choix et prendre en note le retour d'information qu'ils obtiendront.

Metaverse est  un outil gratuit qui offre une variété de choix pour les scénarios pédagogiques. Mes élèves seront mis en position d'acteurs et non de spectateurs de contenus qui seraient superposés à la réalité.

Pour aller plus loin dans la prise en main de l'outil, des tutoriels vidéos en anglais sont disponibles sur la chaîne Youtube de Metaverse.

Régine Ballonad-Berthois
Professeure d'anglais, formatrice ResENTICE, IAN langues vivantes dans l'académie de Rennes
@regitice35
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