Quelle est votre perception de la période que nous vivons ?
La crise sanitaire inédite que nous vivons a suscité la peur et un changement drastique d’usages sociaux et d’habitudes de travail.
La nécessité de continuer l’Ecole a créé une contrainte forte d’utiliser le numérique y compris pour des enseignants qui en étaient éloignés, faute d’équipement, de pratique et/ou de formation. De cette contrainte est né un sursaut positif.
En très peu de temps, il y a eu une réactivité très forte, une capacité d’adaptation, une créativité et une inventivité dont beaucoup ne croyaient pas notre institution capable.
Ce sont les hommes et les femmes qui la composent qui ont su répondre, qui ont accepté de se former avec des webinaires que les DANE ont conçu au grès des besoins qui se sont manifestés.
Un élan de solidarité avec les entreprises, les tiers lieux, les associations, les fondations, Emmaüs connect, les clubs école-entreprise les DSI des académies, les collectivités et les préfets ont permis d’équiper les élèves pour leur permettre de suivre les cours à distance. La Poste a joué un rôle précieux en acheminant les cours aux familles.
Quelles sont les modifications que vous avez mises en œuvre ?
Les modifications mises en œuvre tiennent à des enjeux de facilitation :
Nous avons rendu les ressources facilement accessibles avec un portail unique avec la thématique « continuité pédagogique », nous avons proposé des usages adaptés à la situation et mis en place par des enseignants de l’académie, des vademecums ont été faits par les corps d’inspection dans le 1 et le 2nd degré.
Nous avons mis en place des formats de formations de type micro learning avec des webinaires comprenant de l’interactivité et dont les thématiques ont évolué avec les besoins et en veillant à limiter les jauges de participants pour rester dans une approche « humanisée ».
Pour donner quelques exemples, nous avons commencé dès la mise en place de la continuité pédagogique avec des webinaires sur les outils et les plateformes mis à disposition comme les ENT et la classe virtuelle du CNED, puis une fois cette familiarisation faite, nous sommes passés à des webinaires sur l’animation de la classe virtuelle avec la socialisation, la passation des consignes, la mise en activité, puis nous avons abordé la question de la temporalité : enseignement à distance/surcharge cognitive et enfin, la rétroaction, l’évaluation diagnostique et la différenciation.
Et enfin quelles urgences faudrait-il prendre en compte ?
L’hybridation est un concept complexe à mettre en place avec ce sentiment d’impossible ubiquité.
Il faut travailler à cette relative autre forme scolaire avec l’aide de la recherche et tester des dispositifs en réfléchissant avec les chefs d’établissement et toute la communauté éducative à de nouvelles organisations.
Je n’oublie pas la nécessité d’équiper les familles éloignées du numérique, de les former à des usages minimaux mais indispensables pour exercer la parentalité numérique mais aussi répondre à des enjeux de lutte contre l’illectronisme.
Les élèves eux-mêmes comme le souligne le rapport CREDOC 2019 vont sur les réseaux sociaux mais ne savent pas utiliser « l’outil de travail numérique » d’où la nécessité de se pencher sur cette question avec le CRCN (cadre de référence des compétences numériques) et la plateforme PIX.
Et en conséquence peut-on repenser, comment et avec qui, les espaces et temps éducatifs et les espaces et temps scolaires ?
Dernière modification le mardi, 09 juin 2020L’ensemble de la communauté éducative doit se rassembler pour repenser les espaces et temps éducatifs et les espaces et temps scolaires. Il s’agit de penser le numérique pour l’éducation dans un espace-temps pédagogique en transformation. Les états généraux du numérique dans les territoires puis au national, à Poitiers en novembre prochain nous donneront l’occasion de nous exprimer sur ces sujets et d’imaginer l’école de demain.