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Créée par Xavier Niel, le fondateur de Free, qui prend personnellement en charge les frais de fonctionnement (entre 20 et 50 millions €), 42 est une école gratuite, qui offre de former les développeurs web de demain et qui va accueillir, à partir de la rentrée 2013, 1000 étudiants par an (entre 18 et 30 ans) ; sélectionnés sans conditions de diplôme (pas même le bac) !

Cependant, après une inscription administrative sur le site de 42, il faut passer deux phases de sélection :

Première étape : 8h d’épreuves en ligne (type tests de QI) qui servent à évaluer votre capacité à apprendre l’informatique et à vérifier que vous avez une tête bien faite.

Seconde étape : la piscine ! Immersion physique dans l’école avec 1000 autres candidats, 15h/jour, 7jours/7, pendant 1 mois (cet l’été) !

Selon les chiffres publiés :
Près de 50 000 personnes se sont inscrites à l’école 42, dont 20 000 sont allées au bout de la première phase de sélection. Environ 4000 ont été admissibles et donc retenus pour passer l’épreuve de la piscine, au terme de laquelle, 42 retiendra 1000 élu(e)s.

Ne croyez pas qu’il s’agit d’une piscine où on peut se prélasser en août...Il s’agit d’une rude épreuve à laquelle va être confrontée Laurène Castor dont nous allons suivre la chronique !

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Il y a plusieurs semaines j’ai passé les tests de sélection de 42 ; au départ par curiosité car tout ce qui représente une innovation pédagogique m’intéresse ! Il se trouve que je suis admissible… Autrement dit, retenue pour passer l’épreuve de la piscine ! Le 12 août 2013 ont donc démarré pour moi 4 semaines très intenses parmi 1000 candidats et j’ai décidé, pour me sentir accompagnée, de vous raconter mon aventure en immersion au jour le jour…

 PROLOGUE :

800 candidats étaient présents au premier jour de cette piscine, il y a donc eu quelques désistements. Environ 7% sont des filles… L’arrivée dans les locaux est assez impressionnante : 3 salles de 300 iMac chacune sur trois étages. Le sous sol est entièrement destiné aux squatteurs, les courageux qui ont décidé de dormir sur place… Des douches sont à disposition des nageurs et on peut acheter à manger sur place. Comme je l’avais pressenti, nous avons directement été invités à nous placer à notre poste et à démarrer l’épreuve. Pas de discours, pas d’explication, pas de consigne. Déroutant mais innovant. Plutôt agréable dans un sens d’éviter le folklore d’une rentrée car parfois un peu superflu mais aussi générateur de stress de sauter directement dans le grand bain.

JOUR 1 :

Aujourd’hui, grand plongeon ! Et j’ai un peu bu la tasse… L’immersion en piscine démarre directement. Une fois installés, nous nous sommes connectés à notre espace personnel pour y découvrir quelques vidéos (courtes) présentant, la charte, la pédagogie (évaluation par les pairs notamment) de 42, et les logiciels et langages qui seront utilisés lors de la piscine. Le début de la journée a été assez bruyant, à cause du stress et des incertitudes de la majorités des nageurs.

Rapidement, on regarde à droite à gauche, on se compare et clairement, on en voit certains qui se démarquent. C’est évident que c’est lors de la première journée que les disparités sont les plus grandes : certains n’ont jamais programmé, d’autres sont presque pros… Je dois dire que j’étais complètement perdue et en proie à de gros doutes tout au long de la journée. Je ne comprenais presque rien de ce que je lisais et de ce que je faisais. 10 fois dans la journée, je me suis dis « c’est pas pour moi, je ne vais pas y arriver, j’ai envie de partir » et 10 fois, j’ai lutté pour rester et continuer les exercices. Je ne m’y attendais pas mais c’est vrai que les stigmates du système scolaire français font qu’on a tendance à se décourager vite. Heureusement, tout le monde s’aide et l’ambiance est vraiment très agréable. Heureusement aussi, un petit événement m’a beaucoup rassurée : les filles ont toutes été convoquées ensemble en milieu de journée pour écouter le chaleureux message du Directeur Général : le milieu de l’informatique est carrément sexiste et souffre d’un manque de profils variés. Les filles sont donc « précieuses » à 42 : on nous a clairement expliqué que l’on serait « protégée » du sexisme des candidats masculins et encouragée à persévérer.

15 heures par jour c’est long et vers 18h-19h tout le monde commence à craquer (fou-rire, fatigue,…) et c’est aussi à ce même moment de la journée que j’ai découvert que je n’étais pas seule à galérer : les autres noyés, comme moi, qui restaient silencieux, comme moi, parce que complexés, comme moi, ont commencé à manifester leurs angoisses (via les forums, système de messagerie instantanée interne). Et c’est là qu’on relativise. J’ai vu de l’entre-aide, de la générosité et avec surprise de l’humanité aujourd’hui.

Je n’ai pas tenu jusqu’à minuit, j’espère faire mieux demain.

JOUR 2 :

Tous les matins, on s’inscrit au projet de la journée. Chaque projet contient plusieurs exercices que l’on doit rendre pour le lendemain soir à 23:42 ; tout un symbole !

Entre hier et aujourd’hui, la moulinette est passée… La moulinette c’est le correcteur automatique qui compte les points de chacun ; et j’en ai obtenu très exactement zéro… La moulinette s’arrête de corriger dès qu’elle rencontre une erreur, ce qui veut dire que mon premier exercice du premier projet est faux… C’est une mauvaise note, mais à relativiser puisque sur 800 nageurs, près de 500 ont reçu la même, et une cinquantaine à peine a eu la moyenne. La moulinette est un indicateur qui intervient chaque nuit pour nous permettre de corriger le tir le lendemain puisque chaque projet s’étale sur 2 jours. Mais comme un nouveau projet arrive chaque jour, j’ai dû, aujourd’hui, travailler sur la première série d’exercices et sur la deuxième…

Ce qui est difficile à gérer, c’est que le contenu des sujets (valeurs, consignes,…) sont susceptibles de changer à tout moment, ce qui veut possiblement dire aussi au dernier moment… Ca implique pas mal de vigilance et de précision. Heureusement, la notation ne se limite pas à la moulinette et elle est largement complétée par la notation par les pairs. Nous allons tous nous noter pendant la piscine, nous rencontrer et discuter, ce qui veut dire que les notes générées par le peer to peer seront théoriquement plus humaines. je me suis sentie plus à l’aise aujourd’hui car j’ai compris beaucoup de choses en corrigeant les exercices du premier projet et j’ai abordé le deuxième plus sereinement. Mais comme il l’est dit dans un commentaire, les 2 premiers jours servent à prendre la main sur Shell mais c’est au 3e jour que commencent les choses sérieuses…

JOUR 3 : Lire la suite sur le site de Laurène

Dernière modification le jeudi, 04 décembre 2014
Laurissergues Michelle

Fondatrice et présidente d'honneur de l’An@é, co-fondatrice d'Educavox et responsable éditoriale.