Le choix de l'immigré, du réfugié....... de l'étranger comme bouc émissaire de tous les maux de notre société en crise, c'est si facile et si détestable !
Tout d'abord, une petite définition du mot "bouc émissaire" qui peut être un individu, un groupe, une organisation, etc..., choisi(e) pour endosser une responsabilité ou une faute pour laquelle il ou elle est complètement innocent(e). Le phénomène du bouc émissaire peut émaner de motivations multiples, délibérées (telle que l'évitement de notre propre responsabilité) ou inconsciente (telle que des mécanismes de défense internes).
Et c'est bien cette définition qui s'applique à l'encontre des étrangers en règle générale et nous voyons, en 2015, que cela perdure de manière catastrophique dans les esprits de beaucoup de nos compatriotes qui pensent que les immigrés, les réfugiés sont un véritable danger potentiel de par leur arrivée en masse chez nous. Une politicienne vient même d'affirmer, pour accentuer encore un climat déjà détestable, que la France était avant tout un pays de race blanche. On tente de monter ce phénomène de l'arrivée des réfugiés en un véritable évènement inquiétant pour surtout faire passer des idées de peur, de haine et ainsi faire en sorte qu'un réflexe de rejet puisse grandir dans notre pays. D'autres pays d'Europe font le même jeu pitoyable, ce qui fait les affaires de tous les mouvements extrémistes et surtout nationalistes. Oui, dans ce cas, comme bien souvent dans le passé, l'étranger est encore la cible idéale pour jouer le rôle de bouc émissaire de tous nos maux et il est si facile de profiter ainsi de la souffrance et de la fragilité d'êtres humains qui ne demandent qu'un peu de chaleur humaine et de soutien, rien d'autre !
Rappelons-nous de ce qui fut le pire il y a plus de 70 ans, où les nazis avaient ainsi fait croire, grâce à une propagande bien orchestrée, que les juifs étaient les principaux fautifs de la crise qui s'abattait sur la Terre, qu'il fallait donc les exterminer (les rejeter d'une certaine manière !) parce qu'ils voulaient soit-disant dominer le monde et empêcher la fameuse race aryenne, chère à Hitler, d'émerger pour sauver l'humanité. Ce qui nous a semblé immonde, abject, il y a 70 ans, se reproduit un peu aujourd'hui après tout, car, par la peur et les mensonges, on arrive encore à nous faire croire que celui qui est différent, de par sa couleur de peau, sa religion, ses traditions, est avant tout un danger. Il faut donc au plus vite remettre en place des frontières, édifier des murs ou des barbelés pour les arrêter, ou rejeter à la mer tous ces malheureux qui fuient avant tout la guerre, l'oppression et la pauvreté. Comment encore pouvons-nous oublier le passé et ne pas faire un parallèle avec les images de la seconde guerre mondiale où des français ont eux aussi fui en masse la barbarie en déambulant sur les routes avec des charettes, à vélo ou à pied ? Les réfugiés arrivant de Syrie, d'Irak ou d'ailleurs ne subissent-ils pas le même exode et il faudrait pourtant fermer les yeux devant ce drame et laisser ainsi les gens se noyer dans une indifférence générale ??!!....
Nous avons une RESPONSABILITE énorme devant l'Histoire et, encore une fois, je dirais qu'il nous faut choisir un camp, soit celui du rejet, de l'indifférence, de la condamnation à mort d'êtres humains, ou alors celui de l'accueil de l'autre, de la solidarité même si les choses ne sont pas simples à organiser. Je le sais par expérience car déjà, il y a plus de 10 ans, avec d'autres bénévoles, nous avions accueilli deux familles réfugiés (kurde et géorgienne) en tentant de les réconforter. Non, nous n'aurons pas d'excuse car personne ne pourra dire qu'il ne savait pas ce qui ce sera passé en 2015 ! Pour finir, nous pouvons encore faire un autre parallèle saisissant, avec ce qui s'est passé en 1940 où des citoyens courageux et humanistes ont caché des juifs pour les sauver et parfois ils étaient dénoncés.
Aujourd'hui, d'autres citoyens ou ONG sont prêts et accueillent déjà d'ailleurs des réfugiés pour les aider. Mais, à leur tour, ces personnes généreuses et solidaires sont critiquées, montrées du doigt car on les accuse d'entretenir ainsi le fameux "appel d'air" qui va en faire venir d'autres, ce qui serait, disent-ils, sans aucun scrupule ou état d'âme, une catastrophe pour notre pays. Encore une fois, il ne faudrait rien faire, fermer les yeux et laisser mourir des individus qui ont comme "seul défaut", aux yeux de certains esprits étriqués, d'être avant tout des étrangers qui n'auraient rien à faire chez nous. Je nous pose alors deux questions : Une humanité digne de ce nom peut-elle vraiment se construire dans de telles conditions et quelle image ou quel exemple nous tranmettons ainsi aux jeunes générations ??!!... Voilà bien ce qui doit guider nos choix et nos consciences !
Guy GILLET