Parce qu’il faut bien le reconnaître, c’était chaud patate : des parents qui proposent et installent un jeu vidéo à leurs enfants, on risquait gros. L’opprobre générale, la mise au ban de la société, le passage de Super Nanny, l’unfriending des amis Facebook, nos enfants bloqués sur Twitter, nos ordinateurs noyés sous les spams. C’est sûr, on la ramenait pas.
Et puis petit à petit, la secte a commencé à s’agrandir. On venait nous consulter, tels des oracles grecs, de partout en France. « Il paraîtrait qu’il existe un jeu vidéo intéressant avec lequel on peut laisser jouer nos enfants sans culpabiliser mais je n’y crois pas trop ? » ; « J’ai lu dans un vieux grimoire qu’il existerait un jeu vidéo qui serait aussi utilisé en classe mais je n’y crois pas trop » ; « Un ami du fils du cousin de la gardienne m’a raconté que parfois, les soirs de pleine lune, certains parents proposent d’eux-mêmes un jeu vidéo à leurs enfants mais je n’y crois pas trop ». Et tout ça, je vous le donne en mille, à cause de qui ? Mais à cause des enfants bien sûr ! Parce qu’à un moment donné, ils ont parlé entre eux. Imaginez, un chouette jeu sur lequel ils ont non seulement le droit de jouer sans (trop de) restrictions, mais pour lequel ils reçoivent en plus les encouragements des parents, ça n’est pas tous les jours que ça tombe du ciel. De la terre en l’occurrence, puisque Minecraft – vous ne pensiez tout de même pas que je parlais de GTA V ? – consiste, en très gros, à creuser des blocs de terre.
C’est ainsi que dans les cours de récré, entre Clash of et Call of, les Creepers et les Endermen ont fait leur apparition. Et que dans les dîners de parents, Minecraft arrive désormais très vite dans la conversation. « Alors, c’est quoi le jeu vidéo dont tu as parlé à Truc ? » Car contrairement à Facebook, qui continue de faire se dresser les cheveux sur la tête des parents, Minecraft les brosse dans le sens du poil. Dans ce jeu de type « bac à sable » (en gros, où l’on fait ce qu’on veut, sans thème imposé), pas de sang, pas de tireurs, pas de courses-poursuites, pas de violence, juste des mondes à construire, creuser, découvrir, créer, modeler… Une sorte de Légo géant, peuplé de créatures étranges, où l’on peut se perdre sans risque. C’est peut-être ce qui séduit tant les parents dans ce jeu, au point que ce sont eux qui, pour certains, prennent les devants, et initient leur progéniture. Minecraft, c’est un peu le chaînon manquant du bon temps numérique en famille, celui où les parents sont confiants sur les activités de leurs rejetons sur l’écran, ne tremblent pas à l’évocation d’un jeu vidéo, et n’ont pas l’oeil rivé sur la pendule en soupirant. Un truc un peu inespéré…
Car les parents qui ont testé vous le diront : un enfant qui joue à Minecraft, c’est un enfant transformé. Il s’écharpe avec sa soeur sur le canapé ? Dans le monde de Minecraft, il l’aide à construire son univers. Il soupire devant un exercice de géométrie ? Dans le monde de Minecraft, il construit des figures étonnantes. Avec Minecraft, les enfants sont dans l’échange, dans la création de liens : à la récré, ils s’échangent des trucs pour créer, pour progresser ; sur Skype, ils s’entraident le week-end ; sur Youtube, ils dénichent des tutos, tandis qu’ils font de Google un manuel géant. Bref, avec Minecraft, ils monopolisent intelligemment leurs compétences et les outils à leur disposition. Et puisqu’on est entre nous, je vous donne un petit conseil : Minecraft, vous pouvez aussi y jouer ;-)
Caractéristiques
Minecraft est disponible sur tablettes (iOs, Androïd), PS3, et sur ordinateur. Pour découvrir le jeu tranquillement, en particulier avec les plus jeunes (chez nous, on a démarré à 7 ans sous supervision parentale), la tablette est idéale.
Pour aller plus loin
Sur Parents 3.0 : La tirade du jeune gamer
Sur Netpublic : Minecraft, outil pédagogique
Technocraft, le blog d’un enseignant
Dernière modification le lundi, 16 mars 2015