Article publié sur mon blog Educpros
J’ai déjà abordé à plusieurs reprises cette thématique. Deux articles par exemple : Notation et orientation se tiennent la main et La notation et la procédure d’orientation.
A relire les commentaires de ces deux articles il semble que la problématique perçue soit pour l’essentielle celle de la pertinence de l’orientation. Est-ce bien d’orienter ? S’il n’y avait plus d’orientation scolaire que se passerait-il ? Bien sûr ces questions se posent, mais curieusement celle que je me pose ne semble pas perçue par mes lecteurs. Je vais donc essayer de reformuler.
Je réclame, je défends depuis plusieurs années la suppression des procédures d’orientation. Je l’ai fait lors du débat sur la refondation, par exemple : Une condition oubliée pour le socle commun
Le point essentiel pour moi est l’effet des procédures d’orientation sur les objectifs pédagogiques des enseignants du collège. Elles supposent que les élèves présentent des performances suffisamment différentes pour les classer et ainsi justifier la répartition des élèves entre les trois possibilités après la troisième : les deux voies de formation et le redoublement.
Comment peut-on réclamer à la fois la différenciation des élèves et l’acquisition du socle par tous ?
A moins de considérer le socle comme un minimum à atteindre par tous. Le socle, le SMIC de l’élève, vieille interprétation de toute tentative de définir ce que tout élève doit savoir à la fin du collège, à la fin de la scolarité obligatoire. La réforme Haby devait être complétée par ce SMIC scolaire proposé par le président de l’époque, Valérie Giscard d’Estain. Le socle commun a reçu les mêmes critiques de nivellement par le bas !
Nécessairement, ce jugement de différenciation des élèves a un effet sur la structuration du collège, soit disant unique. Une observation un peu attentive de n’importe quel collège fera apparaitre des classes différentes, organisant des parcours différents pour les élèves, permettant une différenciation des élèves dans différentes classes de troisièmes. Ce travail temporel de différenciation permet de faire accepter par les élèves et les parents les voies qui leurs seront proposées par les conseils de classe, et de rendre évident aux yeux des enseignants les jugements qu’ils porteront sur ces élèves.
Nécessairement, pour faire cela, il faut non pas s’occuper de l’apprentissage, mais des performances des élèves. Il faut partir de l’idée que les élèves sont « naturellement » différents, qu’ils ne peuvent avoir des performances équivalentes. La pratique de l’évaluation portera donc seulement sur la mesure des performances. Pas question de pratiquer une pédagogie des apprentissages qui risquerait de rapprocher les performances des élèves et réduire ainsi la justification de la répartition.
Les procédures d’orientation réclament le classement des élèves et donc une pédagogie particulière centrée sur l’erreur et non pas l’acquisition.
On ne peut donc discuter de l’évaluation en soi, mais en rapport avec les fonctions du système. Quels sont les objectifs de notre système scolaire, au moins dans sa partie « obligatoire » ? Là est la question.
Bernard Desclaux