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Philippe me pose trois questions en réponse à un article qui fait un point à date sur les I.A. je lui réponds :

Philippe : Il nous faut relire Robert Vincent Joule et son « Petit traité à usage des honnêtes gens »

Il n’est guère que deux façons d’obtenir de quelqu’un qu’il fasse ce qu’on a envie de le voir faire : le rapport de force et la manipulation.

Crois tu que l’arrivée d’une conscience dans l’AI va résoudre ce dilemme ?

Denis :  L'I.A stimule les imaginaires humains, et nous pousse à savoir ce qui fait que nous nous sentons distinct : imagination et concret, rêve et ancrage terrien, émotions et raisons mélangés, intuition et paradoxe, discernement et indécision. Je parie pour un réveil et une combinaison des intelligences, celle des lieux (geni loci) et le retour à la proximité, celle des émotions qui vient casser le seul paradigme rationnaliste, celle du collectif qui a la faveur de nous unir, et celle du vivant (intelligence des forêts, intelligence de l'eau, intelligence de tout ce qui nait fécond et reféconde à son tour).

Ces formes d'intelligences vont nous aider à sortir du dilemne, à être un peu moins honnête et un peu plus sincère. La nature possède cet avantage sur les groupes humains c'est qu'elle ne juge pas les promeneurs, ne cherche ni à les manipuler, ni les contraindre. 

Philippe : L’obsession de la productivité va-t-elle nous aider à inventer le post capitalisme ?

Il a beaucoup été écrit sur le capitalisme, notamment, qu'il absorbait toute critique qui se dressait contre lui. Par conséquent, refusons la lutte contre le capitalisme, acceptons ce qui est et faisons notre chemin selon là où nous en sommes. D'aucuns utilisent déjà l'IA comme moyen de créer leur emploi. Pour ma part je prends le système tel qu'il est et j'essaye de faire le plus sincèrement possible avec ce que je rencontre, en essayent d'y vivre mes valeurs.

L'IA par sa puissance de liaison entre des faits épars réintérroge le sens même des liens. Elle nous fait peut être prendre conscience que les liens humains ont beaucoup plus de valeur que les accumulations de biens, ou l'addition de faux liens.  

Philippe : L’humanité (au sens de l’acceptation tolérante du « c’est humain ») peut elle disparaître ?

Denis : L'humanité est le fruit d'un processus social (humanisation) et d'un processus biologique (hominisation).

L'IA nous rappelle à notre incarnation puisqu'elle calcule avec une puissance incommensurable. Si notre esprit est dépassé par des transistors en silice alors il nous faut chercher ailleurs l'essence de notre humanité. Notre corps et les énergies qui le traversent sont de bons candidats.

Notre capacité à expériencer le monde est singulière et fragile. Quoiqu'il se passe à un moment de notre vie, et malgré nos certitudes, nous nous trouvons en fragilité. La fragilité révèle la "faille de l'étant de se dire", ce moment où les mots, l'énergie, le monde s'alignent. Ces moments performatifs sont rares. C'est dans ces moments que le dernier des salauds peut devenir humain, ou le plus courageux se transformer en lâche. Nous sommes beaucoup plus agis par les contextes que les I.A, sensibles ne sont sensibles aux milieux. Tant que les IA ne coproduisent pas leur milieu, le "c'est humain" demeurera.   

https://4cristol.over-blog.com/2023/07/petit-traite-d-i.a-a-l-usage-des-honnetes-gens.html

Dernière modification le mercredi, 12 juillet 2023
Cristol Denis

Directeur Innovation et Développement APM (Association pour le Progrès du Management)
Chercheur associé Paris Ouest Nanterre