Figeac Patrick
Proviseur honoraire, bénévole à https://radiobastides.fr/ en Lot-et-Garonne, président d’une association intermédiaire par l’activité économique, auteur. Pour retrouver les chroniques et autres actualités : https://radiobastides.fr/
Attention au sens des mots.
- lundi, 20 janvier 2014
- Actualité
Que faire avec Dieudonné ? Interdire, c’est le renforcer, affirment les uns. Ne pas réagir, c’est encourager la haine, répliquent les autres. Il faut bien reconnaître que tout le monde a raison, il n’existe pas, en démocratie, de science exacte pour départager les inconvénients de la liberté et ceux de la censure.
Nous ne savons pas si nous souffrons d’un excès de la première ou si nous étouffons sous la férule de la seconde ! Nous pestons le matin parce que « nous ne pouvons plus rien dire » et nous nous alarmons le soir de la « libération de la parole ». Il existe toute une série de sujets sur lesquels tout point de vue qui s’écarte de la norme en vigueur peut valoir à son auteur les foudres du tribunal médiatique. Ainsi, vous protestez contre l’interdiction du tabac, vous êtes assimilé à un agent appointé du monde cigarettier, partisan des flux migratoires, vous êtes forcément raciste, contre l’abolition de la prostitution, vous voilà « facho ».
Résultat : pendant que notre cerveau gauche surveille la moindre de nos pensées, notre cerveau droit nous murmure que la transgression est un droit de l’homme, la provocation, un devoir moral, la dérision, l’arme du faible ou prétendu tel. par la magie d’Internet et des réseaux sociaux, chacun peut désormais s’attacher aux tabous qui lui gâchent le vie, ce qui consiste souvent à déverser sa haine ou son mépris pour telle ou telle catégorie de nos contemporains. Notre époque produit malheureusement plus de Dieudonné que de Galilée.
« Rien n’est à moi, tout est tabou » fredonnent en choeur les partisans de l’ex-humoriste. C’est bien simple, nous n’avons jamais autant entendu parler de tabou depuis qu’il n’y en a plus. Et si nous avons l’impression d’en transgresser un, c’est aussitôt pour en recréer de nouveaux. Comme par effet de compensation. Voilà pourquoi nulle société ne peut se fixer comme objectif la liquidation de tous les tabous sans prendre le risque de s’épuiser elle-même dans cette course. Celui qui ne tire pas les leçons du passé est condamné à les revivre.
Ecouter le podcast
Poser la question de la liberté de la pensée, c’est poser le principe des limites dans lesquelles nous nous construisons au fil de nos rencontres, de nos actes, de nos lectures.
A l’inverse de la dictature ou du totalitarisme qui reposent sur l’indéfini, l’ignorance, la négation des limites.
La démocratie impose de savoir de quoi nous parlons et, surtout, de s’accorder sur le sens des mots. Maintenir un interdit sur certaines opinions, les condamner dans le cadre de la loi quand elles sont prononcées dans l’espace public, ce n’est pas rétablir l’enfer, c’est, au contraire, libérer notre avenir d’un scénario infernal : la banalisation de mots qui déchirerait la fine particule du monde humain.
Patrick figeac
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Offensive malsaine contre l’école
- mercredi, 05 février 2014
- Actualité
L’initiative lancée au nom de la lutte contre "les théories du genre" en milieu scolaire a abouti à ce que des parents ne conduisent pas leurs enfants à l’école pour une journée. Personne, ni les autorités, ni les observateurs ne s’étaient doutés de l’importance de cette action. Preuve qu’Internet et les réseaux sociaux ont une capacité de mobilisation qui bouleverse en profondeur le fonctionnement de la vie publique.
Que des parents se préoccupent des contenus éducatifs mis à l’oeuvre dans les programmes est tout à fait légitime à condition toutefois qu’ils ne mettent pas en péril les fondements de la Nation. Or, nous assistons là à un véritable harcèlement contre l’école républicaine. Parce qu’elle propose une éthique qui ne convient pas à certaines familles comme l’égalité garçon-fille. Oui, le mensonge est énorme , mais l’idiotie des arguments avancés n’empêche pas une partie des parents de partager malgré tout ces rumeurs. Défiance envers l’école et les valeurs qu’elle promeut. Comment accepter que des enfants soient utilisés en instrument de lutte contre l’institution censée justement les protéger ? Leur dire qu’ils ne doivent pas aller à l’école, c’est prendre une sérieuse responsabilité. Mais comment faire comprendre aux parents qu’en agissant ainsi, en expliquant à leur gamin (e), même à mots couverts, que l’enseignement qu’ils reçoivent est dangereux pour eux, ils rompent le pacte républicain et la confiance avec les professeurs.
Monsieur le Ministre s’est employé à démonter toutes ces allégations mensongères. Le programme ABCD de l’égalité mis en cause ne transmet à aucun moment une quelconque supposée théorie du genre. Il enseigne au contraire les valeurs de la loi, l’égalité entre les filles et les garçons que nous avons le devoir de défendre et de préserver. A nous d’être vigilant(e)s. De vieux démons peuvent resurgir à chaque instant dans l’espace public.
L’école ne pourra en finir avec cette tentative de déstabilisation par de simples réunions de terrain. Elles sont bien sûr nécessaires mais pas suffisantes. Ce qui sous-tend ce mouvement, c’est en réalité, le caractère discriminatoire de l’école qui rejette trop souvent la diversité culturelle. C’est sur cette dimension qu’il va falloir maintenant faire porter notre action pour que de telles suspicions ne se reproduisent plus.
Patrick Figeac
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Grande difficulté scolaire : plus de prévention, de concertation, de formation.
- lundi, 17 février 2014
- Chronique
Le rapport sur le traitement de la grande difficulté scolaire était très attendu. Il faut dire que la France, avec 8% d’élèves concernés est très mal classée. Ce taux a même doublé depuis les années 2000.
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