Transmettre malgré la peur, défendre la liberté malgré le risque; Dominique Bernard, assassiné à Arras en octobre 2023, Samuel Paty, décapité trois ans plus tôt. Des symboles que la France honore mais qu'elle semble paradoxalement oublier dès que les minutes de silence s'évanouissent.

Il faut dire que cette année, l'hommage national leur a été rendu dans un silence feutré, éclipsé par le tumulte politique, le bruit médiatique a couvert la gravité du moment. Un peu comme si ces drames, devenus rituels  ne bouleversaient plus vraiment, comme si l'émotion s'était figée dans une commémoration automatique. Pourtant, dans certains établissements, dans certaines salles de classe le climat s'est alourdi face à certains sujets par peur de provoquer une réaction filmée, un signalement, une menace. Peur enfin, de se trouver seul face à une institution qui, souvent leur demande "de rester prudents"

Faut-il alors renoncer au principe même d'éducation? faut-il cesser de confronter les élèves à ce qui les dérange, à ce qui bouscule leurs certitudes? L'Ecole est le lieu du débat, du questionnement, du doute.

Apprendre c'est accepter d'être déstabilisé, enseigner c'est parfois provoquer un questionnement, un inconfort, celui qui ouvre la voie à la réflexion

Si nous commençons par taire ce qui dérange, si nous renonçons à confronter les idées, c'est le coeur même de l'éducation qui se délite.. Rendre hommage à ces deux enseignants, ce n'est pas seulement se souvenir, c'est refuser le silence, c'est rappeler que l'école est un lieu de formation à l'esprit critique.. ce n'est pas la prudence qui sauvera l'institution scolaire mais la protection de celles et de ceux qui sont confrontés aux menaces, à l'hostilité pour enseigner la liberté. Une société où les enseignant(e)s sont méprisé(e)s, ignoré(e)s est une société où les citoyens cessent d'apprendre à penser.

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