Les makerspaces sont des lieux d’éducation comme l’explique très bien le professeur Ann Louise Davidson, ici
.
L’institut Milieux a donc organisé dans le contexte du Montreal Mini Maker Faire une rencontre qui réunit plusieurs éducateurs que le mouvement maker interpelle d’une manière ou l’autre.
Au jour 1 du sommet, ce sont 12 visages du mouvement maker montréalais qui ont été dévoilés aux éducateurs et universitaires internationaux et locaux. Cette image, bien partielle de ce qui passe à Montréal, illustre toutefois la diversité des lieux et des contextes de travail des «makers». Pendant cinq minutes chacun, des représentants de ces makerspaces ont décrit la personnalité, les caractéristiques de leur espace de création. Cette présentation a été suivie d’une période de questions et discussion.
Les espaces créatifs en bibliothèque
On rencontre souvent un espace médiatique ou un makerspace au sein d’une bibliothèque de quartier ou universitaire.
Benny-Fab et BicFab sont localisés dans deux bibliothèques publiques de l’arrondissement NDG-Côte-des-Neiges de la ville de Montréal. Marc Lemaire est le bibliothécaire-coordonnateur du Benny-Fab, le premier fablab homologué ouvert dans une bibliothèque publique au Québec. Le Bic Fab de la bibliothèque interculturelle de cet arrondissement a été inaugurée en novembre 2017.
La principale caractéristique de ces deux établissements sont les forts liens qu’ils entretiennent avec les membres de la communauté. Ils proposent conjointement 17 ateliers qui s’adressent à une clientèle d’âges différents : ateliers pour les enfants, les adolescents, les filles ou les familles, le soir ou pendant le week-end.
Le principal problème rencontré selon les administrateurs de ces makerspaces est le manque de financement pour avoir plus de personnels pour répondre aux besoins de l’enthousiaste clientèle qui visitent leurs lieux et participent aux activités des divers clubs. Heureusement, ils bénéficient de l’aide de généreux bénévoles.
Technology Sandbox
Jasia Stuart a parlé de Technology Sandbox qui est localisé à la bibliothèque Webster de l’université Concordia et est ouverte à tous les étudiants de l’université. On y propose des ateliers de démarrage de niveau 1 et 2 dans l’usage de technologies numériques de fabrication mais tout n’y est pas constamment centré sur l’usage des technologies numériques. On offre aussi des ateliers de crochet et de tricot. Les débuts furent lents mais il y a présentement affluence. Un fait remarquable est le plaisir des étudiants ingénieurs qui y rencontrent des gens de formation autre que la leur qui s’intéressent à des activités technologiques différentes de celles dont on parle dans leurs cours. C’est pour eux une enrichissante découverte.
Un espace créatif dans un centre communautaire
Karl-André St-Victor, directeur exécutif du Chalet Kent a présenté un makerspace différent. Ce drop-in center pour les jeunes de 11 à 17 ans bénéficie d’un partenariat avec Educationmaker de l’université Concordia et a pour objectif, entre autres, de développer des liens d’amitiés entre les membres de cette communauté multiculturelle de Côte-des-neiges où vivent des représentants de plus de 160 origines ethniques dont plus de 50% ne sont pas nés au Canada.
À cette étape les questions qu’il se pose, en tant qu’administrateur du projet, est comment mesurer le succès d’une telle entreprise et comment entretenir l’intérêt des jeunes au-delà de l’expérience de la nouveauté. C’est en liant les projets offerts à la pop-culture du moment, qu’il réussit à attirer les jeunes et maintenir leur intérêt. Cette expérience pourrait servir aux éducateurs des quartiers multi-ethniques qui cherchent à maintenir l’intérêt des adolescents à l’école. Au lieu de tenter d’imposer artificiellement notre culture à ces adolescents-es, il semble que lier nos interventions aux intérêts culturels, la pop-culture de ces groupes d’adolescents, la culture hip-hop par exemple, permet de les rejoindre.
La deuxième grande observation est comment la participation aux activités du makerspace, comment réussir à produire des objets avec des outils technologiques augmente la confiance en eux et la fierté de ces jeunes.
Les espaces créatifs en milieu scolaire du primaire à l’université.
La Commission scolaire Marguerite Bourgeoys
Mathieu Dubreuil est responsable des 8 FabLab et makerspaces de cette Commission scolaire qui regroupe 95 écoles publiques et a été la première a déployer le concept de Fablab dans des écoles primaires et secondaires à Montréal.
Prépare-t-on nos élèves au futur technologique dans lequel ils vivront? C’est répondre NON à cette question qui a mené les pédagogues de cette commission scolaire à considérer les fabriques numériques, living labs et médiathèques comme des modèles d’espaces pédagogiques adaptés aux besoins évolutifs d’une éducation à renouveler.
Fabrique Beaubois
Marc-André Girard a présenté la gigantesque Fabrique Beaubois qui occupe un espace de plus de 400 mètres carrés. Ce qui lui importait principalement est que les élèves disposent d’un espace au sol suffisant pour l’activité phare de la Fabrique, le «Smart city maker» reprise à l’identique par les élèves de cette école à chaque année car elle correspond aux exigences des programmes d’études. Pour Marc André Girard, la fabrique n’est qu’un contenant pour permettre aux enseignants de travailler en team teaching pour y «passer» la matière scolaire exigée par les programmes de formation de l’école québécoise du ministère de l’Education et de l’Enseignement supérieur.
Lower Canada College
Lower Canada College est une école privée anglophone. Pour Alex Mathewson, le représentant de cette école, le concept «making» comprend une grande diversité d’activité, low tech comme la couture ou le travail du bois ou high tech, qui utilise quantité d’appareils numériques comme les très populaires imprimantes 3D, plieuses numériques, découpeur au laser, etc.
Participer au mouvement maker permet aux élèves de développer de nouvelles compétences, par la résolution de problèmes et en innovant. Les élèves gagnent en confiance en peaufinant l’application qu’ils viennent de coder ou en essayant de résoudre le problème du point perdu dans leur tricot. Ils prennent conscience qu'ils ont la capacité d'acquérir toutes les compétences dont ils ont besoin. Ils acquièrent une meilleure compréhension du processus créatif.
Les productions des élèves sont pour l’instant, centrés sur la fabrication de prototypes en carton de leurs créations car l’attitude pédagogique supportée par le makerspace de cet établissement est de développer chez les élèves un état d’esprit d’innovateurs.
Les deux questions du moment est de faire comprendre aux enseignants le but de la pédagogie maker. La prochaine étape pour ce tout nouvel espace sera de s’ouvrir à la communauté.
Learn Québec
Christine Truesdale et Chris Colley ont présenté l’espace créatif de Learn Québec. Cet organisme offre quantité de services éducatifs aux enseignants de toutes les écoles anglophones du Québec. Leur espace créatif est localisé à leurs bureaux, mais c’est aussi un espace créatif mobile qu’ils transportent avec eux vers ces écoles pour les élèves de langue anglaise localisées un peu partout dans le vaste territoire québécois.
Leur espace créatif est inspiré par le mouvement Maker et par Art Hives, un mouvement communautaire. Selon eux, l’acte créatif est fondamentalement humain. Le message qu’ils transmettent lors de leurs nombreux et très diversifiés ateliers est qu’être maker ne consiste pas en la fabrication d’objets. Être maker est une attitude qui apprend à l’élève non seulement la valeur de la persistance mais aussi à devenir de meilleurs citoyens.
Fabrique Ahuntsic du collège Ahuntsic.
Le Collège Ahuntsic est un Cegep qui accueille 7000 étudiants-es et 650 enseignants. Samuel St-Laurent-Fournier a présenté ce lieu complexe qu’ils nomment laboratoire de création communautaire, un projet à visée sociale et pédagogique inspirée par le mouvement maker. Cet espace existe depuis trois ans et se développe selon quatre axes. Un usage pédagogique qui se veut rassurant pour les enseignants qui bénéficient de l’aide d’un technicien dans le laboratoire. Un côté péri-scolaire avec plusieurs clubs dont un club de mathématique qui utilisent les ressources de l’espace. L’espace est aussi accessible aux étudiants qui viennent y développer des projets personnels, tel cet étudiant qui a fabriqué son propre drone. Enfin, la Fabrique Ahuntsic est ouverte à la communauté d’adultes qui viennent y travailler sur des projets qui les intéresse mais aussi à l’école secondaire voisine dont les enseignants peuvent y mener leurs élèves.
MilieuxMake
Ann Louise Davidson a présenté MilieuxMake, le makerspace de l’institut Milieux de l’université Concordia. Il s’agit d’un makerspace de recherche en culture maker qui permet aux étudiants à la maîtrise et au doctorat de se joindre à la communauté locale et inter universitaire. L’article sur Ann Louise Davidson
https://www.ludomag.com/2018/11/ann-louise-davidson-et-la-culture-maker/ publié récemment sur Ludomag explique plus en détail les recherches poursuivies à Milieuxmaker.
Le Fab Lab AST
Difficile de terminer cette présentation sans ajouter quelques mots au sujet du FabLab de l’Académie Sainte-Thérèse. Au Québec, on donne souvent le nom d’Académie à une école primaire ou secondaire. L’Académie Sainte-Thérèse est une école primaire privée qui a récemment ajouté un Fab Lab homologué par la Fondation des Fab Labs.
Je reprends ici le texte de présentation de leur site web qui exprime avec justesse de qu’est un makerspace :
Le nouveau laboratoire créatif, qui compte également un studio d’enregistrement, est un lieu d’échange de connaissances et de savoir-faire pour nos élèves, nos enseignants et toute la communauté.
Pour un entrepreneur, un professionnel, un artiste, un bricoleur ou une famille, trouver des outils de fabrication à la fine pointe n’est pas toujours simple. Que ce soit pour élaborer un nouveau prototype, fabriquer un objet à partir de plans, créer une œuvre contemporaine, construire un objet décoratif ou tout simplement participer à une activité de création familiale, le Fab Lab AST est un endroit unique dans la région.
Si les possibilités de création et d’innovation sont infinies, les matériaux sont nombreux. On peut tout aussi bien travailler le bois, l’acrylique, le plastique, le verre, le cuir, le papier, le carton, le tissu, la pierre, en petit comme en très grand format. Pourquoi ne pas ajouter un circuit imprimé ou un moteur ?
Dans cet espace créatif, les jeunes élèves s’appliquent à résoudre des problèmes concrets, à construire des prototypes. Ils s’initient à la persévérance en rebâtissant leurs prototypes à plusieurs reprises jusqu’au moment du succès. Ces charmants élèves nous ont très bien expliqué leur démarche de création lors du forum des jeunes du Montreal Mini Maker Faire.
La principale préoccupation
L’évaluation est la principale préoccupation de ces ateliers de création, principalement ceux situés dans les écoles. Pour la Fabrique Beaubois, le problème ne se présente pas vraiment car ce sont les enseignants qui conçoivent les ateliers auxquels participent les élèves. Il s’agit principalement de team teaching où les enseignant développement pour les étudiants des activités qui répondent à divers objectifs pédagogiques des programmes d’étude.
De son côté, Alex Mattewson du Lower Canada College exige que les élèves qui utilisent le makerspace documentent leurs projets, précisent leurs objectifs de départ ainsi que toutes les étapes du processus de production. Ce sont ces documents qui sont remis aux enseignants et sont utilisés pour l’évaluation du travail de l’élève.
Pour terminer, un mot caractérise ces makerspaces :
DIVERSITÉ
Dernière modification le lundi, 03 décembre 2018