Je rappelle souvent à mes élèves que la lecture active et la réflexion supposent des dispositifs techniques simples : d’abord, un crayon et du papier.
Je leur rappelle souvent à ce propos que, nu et non outillé, le penseur de Rodin ne pense probablement pas, ou que sa pensée est plutôt une méditation ou une rêverie : on n’étudie et on ne réfléchit bien que crayon (ou clavier) en main. Je tire l’exemple du penseur de Rodin du philosophe médiologue Daniel Bougnoux, dans ces lignes très riches :
le penseur de Rodin, qui prétend nous montrer l’effort de la pensée nue, sans instruments, sans papier ni crayon, loin des laboratoires, bibliothèques et banque de données n’existe pas. Contre ce monument idéaliste ou romantique, il faut rappeler que l’homme seul ne pense pas ( mais rêve, ou imagine aux frontières du délire ), en bref c’est le collectif qui pense, et qu’il y faut des outils ou des médias en général.
Je leur cite aussi ces lignes de George Steiner :
Alors, comment montrer et enseigner les gestes du travail de lecture ?
Pour m’assister dans cette tâcheen classe, j’utilise intensivement le visualiseur. Il me permet de montrer immédiatement aux élèves les techniques d’annotation des textes, les gestes indispensables du travail intellectuel. Il me permet aussi de montrer et de reprendre immédiatement leurs propres travaux d’annotations.
Puisque j’utilise aussi très souvent des cartes d’idées, je peux associer les deux outils. Voici comment.
1. Je filme la page polycopiée du texte étudié, avec mes annotations, et je projette cela sur l’écran mural.
2. Je mets en évidence une partie du texte (fonction de cadre intégrée au logiciel du visualiseur ou découpage de l’image après capture d’écran).
3. Je réalise une capture d’écran, que j’insère dans une carte d’idées (ici : logiciel XMind) représentant par exemple la structure d’argumentation du texte.
Ce dispositif est facilement déclinable et adaptable à de nombreux scénarios de cours.
Article publié sur le site : profjourde.wordpress.com
François Jourde