Au-delà de la réforme des rythmes éducatifs maintenant installée sur tout le territoire national, et en attendant d'en obtenir une vison large et précise, la création des Projets Educatifs De Territoire a permis de passer un cap au-delà des « compétences traditionnelles » des communes, concernant en priorité les bâtiments scolaires et leur entretien.
Evidemment les 23000 communes qui possèdent encore au moins une école dans notre pays n'ont pas toutes initiés des projets éducatifs majeurs, contraintes quelquefois par leurs moyens ou par une absence de bonne volonté...
Nous l'avons toujours dit : l'éducation n'est pas un coût mais un investissement pour l'avenir.
Les collectivités qui ont tardé à prendre en compte localement l'enjeu éducatif et surtout périscolaire ont inévitablement aujourd'hui « un retard à l'allumage ».
La question financière pourtant n'est pas neutre puisque le coût de la réforme avoisinerait environ 180 à 200 euros par enfants avec des disparités marquées entre celles qui surinvestissent parfois et celles qui se contentent du strict minimum. Entre deux, la masse des communes accompagnant la réforme du mieux qu'elles peuvent.
Le RFVE -Réseau Français des Villes Educatrices- comme le CEDRE militent tous deux pour la pérennisation des dotations au regard des projets effectifs dans les écoles portés par les communes et tous leurs partenaires notamment les clubs et associations, sportives, culturelles ou encore citoyennes.
Il s'agit ainsi de donner du temps et toute sa place à la réforme qui est d'abord et avant tout une réforme scolaire alors que les nouveaux programmes seront prochainement appliqués à l'école.
Le poids pris par les communes dans la politique éducative tend ainsi à s'accentuer dans le cadre du PEDT ou des projets éducatifs locaux déjà initiés dans de nombreuses villes, intervenant de manière volontaire sur de nombreux sujets : la parentalité, la réussite éducative, la pause méridienne, l'accès aux loisirs, aux sports et à la culture.
Le travail partenarial est évidemment vital et nous l'avons rappelé à Bernard Poignant le rôle stratégique des Recteurs et des Dasen, en première ligne sur ces questions, même s'il faudrait davantage formaliser les temps et lieux d'échanges. C'est dans tous les cas une proposition aujourd'hui amenée par le réseau.
Le débat sur le numérique à l'école a été aussi au centre de nos discussions.
Déjà annoncé deux fois, le plan numérique tarde aujourd'hui à trouver sa voie malgré les bonnes intentions affichées.
Au cœur de la loi sur la refondation de l'école initiée par Vincent Peillon en 2012, le plan Numérique est pourtant, des écoles à l'Université, une absolue nécessité pour faire entrer notre système éducatif dans le 21éme Siècle alors que chacun peut constater le décalage entre les usages domestiques et scolaires.
Le Conseil National sur le Numérique a d'ailleurs rendu un rapport en octobre 2014 marquant l'obligation de réduire la fracture du numérique et d'accompagner la transition qui prendra du temps et des financements.
C'est à la fois la question des contenus, des usages, du matériel et de sa maintenance, de l'ouverture vers les territoires jusqu'à un monde pourtant déjà interconnecté dont il s'agit.
Rappelons que de nombreux plans ont déjà, par le passé, étaient annoncés avec un succès mitigé même si les collèges et lycées subissent moins la fracture numérique que le premier degré.
Alors que nous avons en France un ordinateur pour 9 élèves, celui-ci est de 3.5 ordinateurs par élèves en Europe.
La Turquie a de son côté engagé un vaste programme d'équipement en tablettes pour ses établissements, 16 millions en 4 ans !
Ces questions évidemment intéressent de près les communes, priées ou sommées d'investir afin de répondre aux enjeux éducatifs et pédagogiques des équipes enseignantes et de leurs projets d'école.
Le plan Numérique annoncé entre 700 et 800 millions euros prévoit ainsi quelques propositions pour aider les collectivités : le soutien au raccordement au Très Haut Débit, la signature de convention avec la Caisse Des Dépôts pour encourager le déploiement, la création de cellule d'appui pour monter des projets éligibles aux financements européens ou encore la construction avec l'UGAP d'une offre globale d'équipements et de prestations associées.
Nous le voyons, le défi est immense pour faire face aux besoins et surtout à leur définition.
Il ne s'agit pas d'équiper pour équiper les classes mais de penser grâce et avec l'outil numérique des formes nouvelles d'apprentissage, au sens large, à l'heure ou le modèle éducatif traditionnel est aussi concurrencé par de nouvelles pratiques et offres : les MOOCS, l'école 42.
Combattre la fracture numérique, c'est aussi combattre la fracture éducative.
Dernière modification le vendredi, 27 février 2015