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Le Cereq - Centre de recherches et d’études sur les qualifications - nous communique : La réduction des sorties précoces du système éducatif est devenue une priorité en Europe (Stratégie Europe 2020), comme en France. Un groupement d’intérêt public (GIP), rattaché au rectorat de Caen et réunissant divers partenaires régionaux de Basse-Normandie, a porté une expérimentation visant à renforcer la lutte contre le décrochage scolaire. Cette expérimentation a été évaluée par le centre régional associé au Céreq de Basse-Normandiedans le cadre des projets du Fonds d’expérimentation pour la jeunesse, FEJ.
Les décrocheurs constituent le noyau dur des sortants sans diplôme du système scolaire. Lorsqu’ils arrivent sur le marché du travail, il est bien tard pour intervenir. Le phénomène étant par nature difficile à saisir en dehors de l’absentéisme, un seuil minimal de qualification a été instauré en-deçà duquel un jeune est réputé « décrocheur ». Cette définition a le mérite de la clarté. Toutefois, appliquée à la lettre, l’absence de qualification inclurait les échecs aux examens du CAP et aussi au baccalauréat, quelle que soit la scolarité antérieure suivie.

Selon les enquêtes Emploi de l’Insee, parmi les 700 000 jeunes sortis du système éducatif en France chaque année entre 2007 et 2009, 17 % n’ont pas obtenu de diplôme du secondaire, soit 122 000 individus. Un jeune sorti sans diplôme peut être repéré et pris en charge par plusieurs institutions : l’établissement scolaire, ou les structures de l’accueil, de l’information et de l’orientation.

Les méthodes de dénombrement des décrocheurs sont hétérogènes. Les comptages sont différents  ; on dénombre quatre types de comptage  : au niveau du rectorat, de l’établissement, des services spécialisés del’Education nationale, des CFA et établissements d’enseignement agricole... A ces sources statistiques multiples, il faut aussi ajouter le dénombrement des jeunes ayant été reçus par un conseiller de mission locale. L’hétérogénéité des méthodes a été réduite en concentrant leurs résultats et en croisant les différentes listes obtenues. En février 2011, un dispositif interministériel d’harmonisation du repérage, le Système interministériel d’échange d’informations (SIEI) a été mis en place. Plus large que les précédents, ce système aboutit à un chiffrage plus élevé, jusqu’à 254 000 avant épuration de certains double-comptes, soit le double de l’estimation courante.

Comment 122 000 décrocheurs deviennent-ils 254 000 ? De tels écarts ne résultent ni d’obstacles techniques, ni d’erreurs d’estimation. Par analogie avec les statistiques de chômage du ministère du Travail, de l’INSEE et du Bureau International du Travail, ils proviennent en grande partie du fait que chacun prend une mesure au regard de samission.

L’analyse infrarégionale menée par l’équipe du Céreq de Caen montre que si la partie la plus visible est plutôt concentrée dans les zones urbaines, le décrochage est par nature difficile àidentifier, en particulier dans les zones rurales ou, plus généralement, dans les petits établissements.

La focalisation du débat sur la seule addition de décrocheurs est donc trompeuse. Réduire le flou du comptage implique en premier lieu de promouvoir la coopération transversale aux institutions, ce qui est déjà très avancé. Cela suppose peut-être aussi, en second lieu, d’affiner le repérage en privilégiant une approche territoriale du décrochage et des faibles qualifications.

Bulletin en ligne sur le site du Céreq

Bref n°298-1 - avril 2012 - Auteurs  : Gérard Boudesseul, Céline Vivent,

(ESO, centre associé régional du Céreq pour la région Basse-Normandie)

Dernière modification le mardi, 09 décembre 2014
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