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Trente-trois ans après sa précédente production en français, la comédie musicale Les Misérables d’après Victor Hugo revient au Théâtre du Châtelet, à Paris. Cette comédie musicale, la plus jouée au monde, retranscrit en chansons désormais célèbres l’essence d’un livre-monument de la littérature française. Les répétitions ont commencé depuis le printemps dernier et les représentations affichent déjà complet. Ce spectacle est une épopée artistique commencée en 1980.

Clarté de la langue

Victor Hugo (1802-1885), écrivain engagé, a été de tous les combats contre la misère. Il a dénoncé l’exploitation des enfants et la prostitution des femmes : « La misère offre, la société accepte. » Le roman Les Misérables est paru en 1862. Alain Boublil, l’auteur du livret de la comédie musicale reconnaît une humilité face à la grandeur de l’œuvre : « Le roman renvoie à des expériences de vie en lien avec la morale, la philosophie et à des personnages porteurs de sens, victimes pour certains de l’injustice sociale. » 

Des parties comme la Bataille de Waterloo ont été retirées pour conserver comme fil rouge la rédemption de Jean Valjean. Le récit commence à sa sortie du bagne de Toulon. 

Par cette nouvelle création en langue française, Boublil propose un texte qu’il souhaite accessible avec une clarté de la langue et des mots parfois abrupts - la version de 1980 a été à plusieurs reprises traduite en anglais avec ajouts ou suppressions d’épisodes. Boublil considère que cette comédie musicale entièrement chantée prend ses sources dans l’opéra.  L’orchestration signée Claude-Michel Schönberg est également réactualisée.

Pour chaque scène, Boublil et Schönberg font naître une ou plusieurs chansons. « J’avais rêvé » correspond à une cinquantaine de pages consacrées à Fantine. Humiliée, cette prostituée est poursuivie par le policier Javert qui la fait mettre en prison. Elle le supplie de l’épargner car elle doit payer la pension de sa fille Cosette. Mais elle n’est « rien ». Jean Valjean, ancien proscrit devenu l’honorable Monsieur Madeleine, éprouve de l’empathie et veut l’aider.

Le chemin vers la lumière

Hugo avait choisi de faire chanter des personnages. La comédie musicale fait naître de nouvelles chansons et certaines connaissent un retentissement inattendu comme la reprise de « A la volonté du peuple » par des manifestants jusqu’à Hong Kong, en 2019. 

La tonalité dramatique n’empêche pas l’humour. Les Thénardier racontent comment ils dupent leurs clients et on ne peut s’empêcher d’en rire. La distribution est prometteuse. Christine Bonnard a beaucoup d’aisance dans le personnage de la terrible Madame Thénardier, avec sa gouaille et son franc-parler. Chanter bien sûr ne suffit pas, la comédie musicale exige une interprétation scénique qui allie le jeu d’acteur, la maîtrise gestuelle et parfois chorégraphique.

Pour la mise en scène, Ladislas Chollat a conçu avec Emmanuelle Roy un décor sombre symbolisant le chemin vers la lumière de l’ancien forçat. C’est une déclinaison de la gravure de l’Enfer de Dante Alighieri de Gustave Doré. Deux pentes minérales sont en mouvement, l’une mène de l’Enfer au Paradis, représenté par un ciel étoilé. La vidéo évoque l’âme humaine par les projections d’encres sombres d’Hugo. Ladislas Chollat souhaite raviver l’énergie du trait de l’écriture d’Hugo et s’inspire de la fantasmagorie de ses dessins.

A 1 Planche costumes Les Misérables Jean Daniel Vuillermoz 1

La couleur sur le plateau est apportée par les costumes d’époque de Jean-Daniel Vuillermoz. Dévorés par la misère (travail sur les patines, usure du soleil), les trois cents costumes principalement en toile de jean ont été réalisés avec les équipes du Châtelet. Sur scène, trente-sept artistes invitent le public au plus près du peuple de Paris et des personnages de cette fresque humaniste entrés dans la culture populaire.

Fatma Alilate

Les Misérables - Théâtre du Châtelet (chatelet.com)

Durée : 3 h avec entractes

En français surtitré en français et en anglais

Auteurs Alain Boublil (livret) et Claude-Michel Schönberg (musique),

Mise en scène Ladislas Chollat

Directrices musicales Alexandra Cravero et Charlotte Gauthier.

Décors, Emmanuelle Roy ; Costumes, Jean-Daniel Vuillermoz ; Lumières, Alban Sauvé ; Chorégraphie, Romain Rachline Borgeaud ; Vidéo, CUTBACK ; Sound designer, UNISSON DESIGN

Avec Benoît Rameau (Jean Valjean), Sébastien Duchange (Javert), Claire Pérot (Fantine), David Alexis (Monsieur Thénardier), Christine Bonnard (Madame Thénardier), Juliette Artigala (Cosette), Jacques Preiss (Marius), Océane Demontis (Éponine), Stanley Kassa (Enjolras), Maxime de Toledo (L'évêque de Digne) 

Ensemble : Basile Alaïmalaïs, Mickaël Alkemia, Grégory Benchenafi, Cédric Chupin, Ronan Debois, Joseph De Cange, Vincent Gilliéron, Bastien Jacquemart, Alexandre Jérôme, Yoann Launay, Ryan Malcolm, Arnaud Masclet, Henri Pauliat, Harold Simon, Juliette Behar, Ludmilla Bouakkaz, Ambre Brisset, Mathilde de Carné, Clara Enquin, Myriana Hatchi, Louise Leterme, Camille Mesnard, Barbara Peroneille, Ariane Pirie Swings : Lara Pegliasco, Charlotte Hervieux, Louis Buisset et Bastien Monier

Du 20 novembre au 2 janvier 2025

Showcase Les Misérables – Théâtre du Châtelet

Dernière modification le mercredi, 30 octobre 2024