fil-educavox-color1

Francois Bonneau, président délégué de Régions de France, président de la Région Centre-Val de Loire et Marie-Guite Dufay, présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté ont réaffirmé la mobilisation totale des Régions auprès de la jeunesse lors d’une conférence de presse. Les deux élus ont livré une analyse quasiment exhaustive des difficultés rencontrées par la jeunesse dans la crise sanitaire actuelle pour tracer des voies nombreuses et variées qui doivent permettre d’apporter des réponses appropriées au niveau régional en lien avec l’ensemble des acteurs économiques, sociaux et éducatifs.

La crise a des effets extrêmement prégnants sur les jeunes :

Leur détresse est aujourd'hui manifeste dans plusieurs domaines : situation sociale, emploi, stages, alimentation, logement, mobilité, incapacité à compléter leur cursus de formation (absence de stages) difficulté à accéder aux outils numériques. Des étudiants sont de plus en plus isolés et inquiets, notamment du fait de leurs difficultés à trouver des petits boulots pour assurer leur autonomie financière, une précarité grandissante... En université, les parcours d’insertion sont bousculés par la distance, par l’incapacité à vivre, Les jeunes voient aujourd’hui mis entre parenthèse leur activité culturelle et connaissent des difficultés à partager des situations communes.

Il n’y aura pas une génération sacrifiée

Les élus régionaux sont alertés par les associations de jeunes et dialoguent avec les responsables gouvernementaux, Elisabeth Borne et Frédérique Vidal notamment. L’engagement des Régions vient s’articuler avec celui de l’État, avec le CROUS, avec les réseaux associatifs, les œuvres, les structures d’éducation populaire, les banques alimentaires. 

Les régions ont une responsabilité de chef de filât par rapport aux politiques destinées à la jeunesse : elles doivent coordonner les actions de tous les acteurs, jusqu’à l’État pour que l’accès aux droits se mette en place.

Dans le domaine économique, les Régions sont en relation au monde économique (BTS, IUT, ingénieurs), ce qui est difficile car les entreprises sont en difficulté. Il y a une application pratique dans les stages : les Régions travaillent avec l’ensemble des structures employeuses.

Lutter contre le décrochage dans le domaine scolaire et universitaire.

Il faut lutter contre le décrochage, empêcher que la trajectoire de ces jeunes soit brisée. En risque de décrochage, les acteurs de l’accompagnement, éducation nationale et les missions locales doivent intervenir. Les jeunes en L1 sont en grande difficulté : ils n’ont même pas réussi à organiser un réseau de connaissances avec leurs pairs. Les Régions doivent intervenir dans la lutte contre le décrochage, pour la persévérance dans le projet d’étude en resserrant les réseaux du dialogue et de l’accompagnement.

Sur le plan numérique par exemple, on signale une initiative intéressante, l’Ordi Solidaire : des ordinateurs réformés par les entreprises sont remis en état par des Fab Lab. Les jeunes viennent et participent pour repartir avec ordinateur. Il s’agit de mettre en place des situations inclusives. Il faut établir l’accès aux droits pour tous, car parmi ces jeunes il y a beaucoup d’invisibles, qui ont laissé leur logement et risquent de dérive et passer à côté des aides. Notamment pour ceux qui n’ont pas accès au numérique, nous mettons en place des box 4G pour qu’ils puissent suivre les cours à distance. Dans ce sens, les missions locales sont des structures partenariales.

Dans le domaine de l’apprentissage, François Bonneau dresse un constat sans concessions.

« La réforme Pénicaud sur l’apprentissage qui par principe absurde a écarté les régions de l’apprentissage achoppe avec la situation actuelle. Nous devons prolonger les aides pour ceux qui ne trouvent pas de contrat d’apprentissage, mettre en place un espace pour les écouter, les aider à se repositionner. Adapter les diplômes coté éducation nationale : il faut faire en sorte de valider ce qui doit l’être en mettant un complément professionnel plus tard pour ceux qui n’ont pas pu faire leurs stages en CFA, en hôtellerie notamment. En raison du manque d’activité dans ces secteurs. La création d’une bourse de l’apprentissage en Centre Val de Loire est un exemple des approches soutenues. Nous demandons au gouvernement de maintenir le dispositif de finir leur année pour jeunes qui n’ont pu finir leur parcours d’apprentissage. (...)

Il est essentiel de favoriser l’apprentissage : intégrer de plus en plus l’alternance qui correspond à la culture des jeunes, des CFA aux universités. Tous les moyens financiers de l’apprentissage passent par les OPCO (Opérateurs de Compétences). Les Régions n’ont que l’investissement dans les CFA. »

Entre 40 000 et 50 000 jeunes apprentis sont actuellement sans contrat d’apprentissage ou en situation de rupture soit près de 10% des effectifs d’apprentis.

A titre exceptionnel, ces jeunes ont eu 6 mois pour signer un contrat, ce qui leur a permis de démarrer leur formation dans les CFA. Pour nombre d’entre eux, ce délai va être prochainement dépassé et il n’est pas possible de les laisser sans solution.

Bien que n’étant plus en responsabilité sur l’apprentissage à titre principal, les Régions ne restent pas en retrait. Certaines ont maintenu leur fonds social aux apprentis ou réfléchissent à mettre en place des « garanties de fin d’année de formation ».

Quelles autres mesures sont envisageable par toutes les régions sur tout le territoire français ?

L’ensemble des Régions s’engagent financièrement en finançant le Crous, l’aide aux banques alimentaires, avec des interventions par rapport à la précarité, notamment en termes d’hygiène, achat de produits indispensables.

Il faut aussi favoriser le fait de retrouver un job perdu : des régions s’engagent pour financer des associations, créer des jobs, ce que fait Jobaviz plateforme du CNOUS qui fait se rencontrer offre et demande en matière de jobs étudiants. Outils des CREFOP (Comité régional de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles), les services publics régionaux tels que le SPRO (Le Service Public Régional de l'Orientation) dans lequel les régions sont collectivement engagées.

" Nous sommes collectivement engagés dans ces structures. Collectivement engagés sur la gestion des stages : il faut que l’on maintienne les parcours de qualification. Ce serait humainement et socialement inacceptable de perdre l’accès à la compétence pour la phase de reprise de l’activité. Dans cette phase contra cyclique, il faut accentuer la formation pour le redémarrage de l’emploi avec métiers nouveaux."

Une notion importante est l’accès aux droits : tout ce qui précède est nécessaire, mais entraîne une grande diversité d’interventions. Un jeune en situation de repli peut ne plus avoir accès aux droits. Il faut faire le point sur ce qui existe, faire une présentation virtuelle et physique des réseaux existants dans les départements en partant de la Région. Traiter l’ensemble de l’accès aux droits suppose que les Régions s’organisent en chef de filât :   elles doivent être capables d’organiser les acteurs, fédérer les aides et les dialogues.

Il est nécessaire de reposer la question de la décentralisation : faire davantage confiance aux échelons décentralisés, vers une reconnaissance des territoires, il faut que les Régions soient reconnues comme ceux qui peuvent coordonner les initiatives. Cette situation de crise nous oblige à faire corps, mais cela grippe, car l’État central ne fait pas confiance. Il faut à la fois décentralisation et déconcentration pour faire territoire.

Les Régions soulignent l’esprit de cohésion et de solidarité de la jeunesse

« Cette génération, que certains décrivaient comme une génération repliée sur elle-même, un peu insouciante tourner vers son écran ; c’est tout le contraire qui se joue. On a à faire à des étudiants, des jeunes, des générations qui demandent à ce qu’on améliore les dispositifs mis en place, ainsi que leurs coordinations.  Nous avons une génération qui aborde cela avec un niveau de solidarité et de responsabilité, je vous assure totalement remarquable. » — François Bonneau, président délégué général de Régions de France —

 

« Les jeunes sont capables d’être dans un élan de solidarité les uns vis-à-vis des autres, c’est impressionnant ! Tous les présidents de Régions qui ont établi des liens avec les jeunes pour voir avec eux comment on peut être en situation d’accompagnement ont été bluffés par cette responsabilité et cette solidarité à l’intérieur de la communauté étudiante », ajoute Marie-Guite Dufay, présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté

Les Régions affirment la nécessité de soutenir nos jeunes face à la situation actuelle :  “les études préparent le monde de demain donc nous sommes redevables vis à vis des jeunes qui préparent le monde de demain. Nous leur devons d’autres conditions ; les jeunes sont l’avenir ”

Le dossier de presse ci joint dresse un panorama de l’ensemble des aides fournies, région par région en faveur de la jeunesse.

Dossier de presse : les initiales régionales à destination des jeunes

Dernière modification le mardi, 02 mars 2021
Pérez Michel

Président national de l'An@é de 2017 à 2022. Inspecteur général honoraire de l’éducation nationale (spécialiste en langues vivantes). Ancien conseiller Tice du recteur de Bordeaux, auteur de nombreux articles et rapports sur les usages pédagogiques du numérique et sur la place des outils numériques dans la politique éducative.