Nao, c’est le nom de cette étonnante créature développée par la société française Aldebaran, est au centre de toutes les attentions : dans quelques minutes, il va monter sur scène, et comme 4 de ses semblables, danser avec la troupe de la chorégraphe Blanca Li pour son spectacle justement baptisé… Robot. Une véritable prouesse, à la fois technique et humaine, pour programmer et synchroniser 5 robots, en interaction avec 8 danseurs pendant plus d’une heure. Il aura fallu plusieurs milliers d’heures de programmation pour arriver à ce spectacle étonnant, magnifique, où l’équipe de programmeurs monte sur scène à la fin, au même titre que les danseurs… et les robots, qui, à l’applaudimètre, remportent la palme. Étrange moment, où l’art et la technologie se rencontrent pour trouver le chemin des émotions humaines.
Nao en démo
C’est notamment cette capacité d’attraction de Nao qui a motivé Patrick Chesnel, chef de travaux (il chapeaute les activités technologiques et professionnelles) au Lycée Anguier de la ville d’Eu, en Normandie, à acquérir il y a quelques mois un exemplaire de Nao pour 16 000 €, un des rares de l’académie de Rouen (où il est surtout utilisé en classes préparatoires aux grandes écoles). Le premier résultat du travail de 10 élèves de Terminale S Sciences de l’ingénieur spécialité Informatique et sciences du Numérique a donc été présenté lors de la représentation du spectacle de Blanca Li. « Le public était très réceptif. Tant mieux, parce que les élèves qui présentaient le projet étaient évalués. Cet atelier s’inscrivait dans le cadre de leur cursus. » précise Patrick Chesnel. Ces élèves travaillent avec Nao depuis la Toussaint avec une équipe de profs originale : une professeure d’anglais, un prof de maths, et un de sciences de l’ingénieur. Pour cet exercice d’interaction avec le public, ils ont passé 5 séances à le programmer avec le logiciel Chorégraph, développé par Aldebaran pour faire fonctionner Nao en liaison WIFI. Axel, 17 ans, qui aimerait justement travailler dans la robotique plus tard, a apprécié ce travail avec Nao. « C’est bien expliqué pour un robot. Cela m’a donné envie d’aller plus loin avec le langage de programmation Python » explique-t-il.
« Pour nous, Nao présente deux avantages pédagogiques », poursuit Patrick Chesnel : « attirer des élèves, garçons et filles – qui n’auraient peut-être pas été sensibles aux sciences de l’ingénieur autrement -, et offrir une plate-forme de programmation très complète ». Nao, équipé de 24 moteurs et d’un grands nombre de capteurs, permet par exemple de travailler autour de la lumière, de la voix, de la reconnaissance de couleurs… « Ce robot est très innovant. Un élève qui travaille avec lui est au coeur de l’interface homme/machine. »
C’est dans cette même perspective homme/machine que d’ici la fin de l’année scolaire, les élèves du lycée Anguier vont mettre Nao à contribution autour d’un projet qui mêle kinésithérapie et enfants. L’occasion de programmer entre autres autour de la commande vocale, puisque l’idée est de permettre à des enfants qui en ont besoin de faire un mouvement de rééducation chez eux en s’aidant de Nao, conçu ici comme un coach, en appui de la kinésithérapie. « Nous essayons vraiment dans notre établissement de mettre l’accent sur l’interdisciplinarité. Nos élèves de Terminale travaillent ainsi également au développement d’une appli qui rend le réfrigérateur intelligent (avec notification des dates de péremption limite), et d’une autre appli, baptisée Drums Teacher, qui aide lors de cours de batterie sur smartphone ou PC… » Nao, now, c’est déjà demain…