Il vient de publier chez Stock un essai « le tsunami numérique » sous titré : « Education, tout va changer ! êtes vous prêts ? »
L’énergie qui crée le tsunami est clairement identifiée : « L’écosystème qui a converti en quelques décennies des milliards d’êtres humains au Smartphone et à Internet a mis toute sa puissance de travail et d’innovation au service d’un objectif : réinventer l’éducation ».
L’énergie qui crée le tsunami est clairement identifiée : « L’écosystème qui a converti en quelques décennies des milliards d’êtres humains au Smartphone et à Internet a mis toute sa puissance de travail et d’innovation au service d’un objectif : réinventer l’éducation ».
Il s’agit d’un tsunami pédagogique.
Monsieur Davidenkoff connaît bien les plages sur lesquelles il doit déferler …elles ne sont pas toutes faites de sable blanc. Il décrit donc longuement et analyse sans complaisance un système éducatif structuré de haut en bas (grandes écoles, prépas, lycée, collège) par le système élitiste. Mention toute spéciale est faite au collège qui est pointé comme catalyseur de la discrimination sociale et de l’échec scolaire. Il accuse pèle mêle, cadres dirigeants, hauts fonctionnaires et enseignants de protéger un territoire dévolu à leur reproduction et conservé en l’état à l’abri du dogme égalitariste défendu par les syndicats.
Il s’agit d’un tsunami économique
Il va venir bousculer le consensus social puissant autour de l’école telle qu’elle est organisée, telle qu’elle enseigne, telle qu’elle sélectionne, consensus qui dépasse largement les clivages gauche-droite ou public- privé. Un chapitre est consacré « au marché mondial des talents » et un autre au « marché scolaire et à la marchandisation de l’école ».
« Si demain une offre privée en ligne émergeait, mélange d’enseignements automatisés et présentiels, à des tarifs abordables, elle pourrait facilement faire valoir ses qualités grâce aux réseaux sociaux et aux comparateurs »
Il s’agit d’un tsunami philosophique.
Les valeurs du vivre-ensemble, la gratuité du savoir et du beau sont menacées plus que jamais par le consumérisme et le mercantilisme. Cela oblige l’école à « s’interroger sur la façon de susciter le désir d’apprendre qui mènera au plaisir de savoir et de savoir faire » en sachant que la relation au savoir ne pourra plus être duale et verticale ( maître – élève) mais faire la part belle aux pairs et à d’autres médiateurs.
Il oblige à un changement de modèle puisqu’il faut passer « d’une logique ou prime l’enseignement à une logique ou prime l’apprentissage »
Pour décrire les ravages qui pourraient être causés l’auteur s’appuie sur l’histoire de Kodack qui est passé de 150 000 à 8 000 salariés après avoir perdu 10 milliards de dollars. Cette entreprise était capable d’innover : 19 000 brevets ont étés déposés par ses ingénieurs comprenant photocopieurs et appareils photos numériques mais ils ont étés rangés au placard (avant d’être développés par d’autres). De la même façon, « le problème de l’éducation nationale n’est pas de manquer de capacité d’innovation en interne, mais d’être incapable de les porter, de les encourager, de les récompenser » et de les diffuser via une formation continue pour l’heure sinistrée.
Pourtant Monsieur Davidenkoff ne se veut pas oracle « d’une mort annoncée » et il défend aussi la thèse que la vague numérique portée par tablettes, Smartphones et tableaux interactifs et gonflée par les plates formes d’apprentissage en ligne (MOOC) et par les « fab lab » peut constituer une chance pour un système à bout de souffle. Gageons avec lui que l’Education nationale et l’Enseignement supérieur public sauront mettre en valeur le potentiel innovant de ses personnels et démontrer qu’un tsunami n’est pas toujours une catastrophe.
Dernière modification le vendredi, 09 septembre 2016