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Chers parents, nous sommes des adultes, dans un monde d’adultes, confrontés à des événements lourds, anxiogènes. Et totalement inédits. Inédits dans leur déroulement, dans leur violence, leur aveuglement, leurs conséquences. Inédits aussi dans la manière dont nous y avons accès. Nous sommes à l’ère des « breaking news », l’actu n’a pas d’heure, pas de frontières, et nous baignons dans un flux ininterrompu de nouvelles. Sans filtres ni hiérarchie.

La violence du monde tourne en boucle sur nos télés, nos radios, nos smartphones, nos tablettes, nourrie de rumeurs, d’informations nos vérifiées, de photos détournées. Comment s’y retrouver ?

Initialement publié sur mon blog : Parents 3.0

On parle à juste titre d’éduquer nos enfants au décryptage des médias. Mais on en parle moins pour les parents. Pourtant, si nous n’avons pas un minimum de connaissances, nous sommes également vulnérables. Les fausses informations qui circulent sur le Net ne sont pas le fait d’enfants… mais bien d’adultes qui les propagent aussi, tombant, consciemment ou non, dans les pièges parfois tendus par les réseaux sociaux. En cette période particulièrement tendue, je lis et vois passer des choses fausses, non vérifiées, partagées à la va-vite. Si nous, adultes, n’avons pas la grille nécessaire à une lecture sans faux semblants de l’actualité, comment nos enfants peuvent-ils s’y retrouver ?

Voici donc 10 conseils pour se repérer dans ce monde d’infos continues. Nous pouvons, nous devons tous devenir des fact checkers, des vérificateurs d’informations : l’esprit critique, c’est le début de la lumière.

Lumières bougies attentats

  1. Ne pas réagir à chaud, prendre de la distance vis à vis de ses émotions. Il est parfois tentant de partager ou commenter certaines infos « à chaud ». Même si nous croyons bien agir, il faut bien avoir en tête que les traces que nous laissons en ligne sont souvent irréversibles. Interagir, oui, mais à tête reposée.
  2. Certaines images ou vidéos peuvent choquer les enfants, mais elles peuvent aussi nous choquer, nous adultes. Face aux écrans, face aux infos, il est nécessaire d’établir des filtres selon nos capacités à supporter, ou non, certaines situations.
  3. Ce n’est pas parce qu’une image ou une information circule, même massivement, qu’elle est vraie.
  4. Internet en général, et les réseaux sociaux en particulier, peuvent être un terrain de propagande redoutable, quelle que soit la propagande. L’esprit critique doit devenir une deuxième nature.
  5. Choisir soigneusement ses sources d’information. Sélectionner les sites ou comptes (Twitter) suivis pour le sérieux des informations délivrées. Pour déterminer la fiabilité d’un site, quelques questions à se poser : Qui édite le site ? A-t-il pignon sur Web (vérifier son url) ? Qui anime le site (journalistes ?) S’agit-il de contenu propre ou de contenu agrégé ? Appliquer aux sites la règle journalistique des 5W (who did what, where and when, and why / , ou son équivalent français 3QOCP : qui ? quoi ? quand ? où ? combien ? pourquoi ?).
  6. Limiter ses sources d’information : trop d’info tue l’info.
  7. Ne pas hésiter à vérifier par soi-même. À l’ère connectée, les images notamment doivent être particulièrement examinées. Elles sont faciles à prendre, à diffuser, et à modifier. Certaines peuvent être présentées comme récentes alors qu’elles sont antérieures à l’événement qu’elles sont censées illustrer. Deux outils très pratiques pour vérifier la provenance d’une image : TinEye, et Google Images.
  8. Nous vivons une période trouble, où les rumeurs peuvent se propager très rapidement. Ainsi, une ampoule qui éclate dans un bar à République à Paris a provoqué des mouvements de panique, aussitôt relayés sur les réseaux sociaux, pouvant laisser croire à une nouvelle attaque, photos (réelles) à l’appui. L’information a été vérifiée, puis expliquée et démentie par les médias dont c’est le métier, France Info ou Le Monde pour ne citer qu’eux.
  9. Ne jamais laisser les enfants seuls face aux sources d’informations – ordinateurs, télévision, smartphones, tablettes -. De nombreux enfants, parce que les parents regardent les infos sans filtre en famille, glanent des morceaux d’actualité, voient parfois défiler certaines images, sans les comprendre, sans les décrypter.
  10. Ni surexposer, ni surprotéger. Mais expliquer, tout le temps, dialoguer, et rassurer en choisissant soigneusement les mots. Les mots des parents, surtout dans ces circonstances, peuvent résonner longtemps.
Dernière modification le dimanche, 22 novembre 2015
Bee Laurence

Journaliste, observatrice des usages numériques générationnels, créatrice des sites Parents 3.0Ados 3.0 et Seniors 3.0. Auteur, conférencière et formatrice.