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L'ULiège, Fabrique des Possibles : Le développement durable, sous toutes ses facettes, se pense aussi au sein de l’Université. Qu’est-ce qui nourrit la réflexion des chercheurs et chercheuses  ? Quelle est leur vision de l’avenir et de leur rôle dans la transition ? Portraits et entretiens pour découvrir comment ces hommes et ces femmes contribuent à ouvrir le "champ des possibles". De quoi composer de nouveaux récits pour demain.

Rencontrer le Pr Pierre Ozer, cheville ouvrière de Nourrir Liège et à l’initiative de la première édition du Festival Rêve Général, c'est plonger dans l'univers d'un homme passionné par les questions de transition et par la construction d'un monde juste et durable.

Climatologue spécialisé dans les processus de désertification, dans la gestion des catastrophes naturelles et dans les stratégies d’adaptation au changement climatique, Pierre Ozer enseigne ces matières dans cinq facultés de l’Université de Liège.

« Je suis convaincu que la transdisciplinarité est une clé essentielle pour faire face aux enjeux de demain. Nous sommes de plus en plus nombreux à nous rendre compte que pour donner plus d’épaisseur à nos recherches et enseignements, nous devons nouer des partenariats avec d’autres disciplines. Cette transdisciplinarité est également souhaitée par les jeunes d’aujourd’hui, souvent animés d'une véritable conscience écologique. »

Révolution intellectuelle

Comment mettre en lien des personnes d’horizons divers ? Comment semer les graines du changement ? Autant de questions qui animent Pierre Ozer.

« Il faut sortir du réel qu’on nous impose et partir explorer les marges. À travers des modalités de cours innovantes, en introduisant Nourrir Liège et le festival Rêve Général sur le campus, nous mettons en place les conditions pour que d’autres possibles émergent, pour qu’il y ait des croisements de regards. Et pour que dans 5, 10, 20 ans, les jeunes puissent ouvrir d’autres voies. Le festival Rêve Général est un dispositif unique qui réconcilie art, science et démocratie au travers d’ateliers, débats, spectacles, conférences …, c’est une sorte de « ZAD », Zone À Défendre intellectuelle volontairement éphémère, mais qui pourrait devenir structurelle. Quand tout s’effondre, on n’a plus d’autre alternative que de rêver à un avenir désirable. Et une des manières de faire, c’est de remettre du sensible et de l’émotion au cœur de nos vies. L’un des objectifs du Festival est aussi de créer des possibilités d’échange en mixant les publics : créer des liens, permettre à des parcours de se croiser et faire naître des éclairages de ces rencontres. »

La transition ne se fait pas dans un labo

« Arriver à des conclusions de recherche, les publier dans des revues spécialisées, en parler dans des conférences de haut vol, c’est formidable. Mais la transition ne va pas se faire dans un labo ! Il faut aussi faire en sorte que ces constats parviennent jusqu’aux différents niveaux de pouvoir et irriguent les politiques publiques. »

Engagé sur la scène sociétale, Pierre Ozer a déjà publié une série de cartes blanches dans la presse et est notamment à l’origine du Festival Nourrir Liège, qui a contribué à faire de Liège la référence en Europe en matière de transition alimentaire.

« Je ne peux pas dénoncer des choses dans mes cours si je ne me mets pas en action dans mon quotidien », confie-t-il, démontrant ainsi son souci constant d'allier théorie et pratique. « J’ai toujours été guidé par des rencontres. J’adore parler avec des gens issus de tous les milieux. Et quand on est curieux, à force d’échanger avec des boulangers, on finit un jour par mettre les mains dans la farine, puis on veut rendre ce pain accessible aux plus pauvres. En suivant la même logique, après avoir passé la première partie de ma vie dans le parc de Cointe, j’ai fait un grand écart en décidant de m’installer dans le quartier Sainte Marguerite. J’y côtoie plus de 100 nationalités, des cultures et des religions différentes. M’installer dans ce quartier précarisé était presque un acte politique, mais je ne m’en rendais pas compte à l’époque. »

Explorer d’autres chemins

Comment les jeunes rêvent-ils leur futur ? Comment peut-on les accompagner sur cette voie ? Pour Pierre Ozer, l'université est un lieu où l'on façonne non seulement des esprits ouverts et brillants, mais aussi des acteurs de demain.

« Lorsque je demande à mes étudiants et étudiantes en 3e bachelier de créer un village idéal, ils ne se limitent pas à imaginer des modes de mobilité douce et des jardins partagés. Ils repensent toute la gouvernance et proposent des modèles totalement nouveaux basés sur l’échange et l’accès pour toutes et tous aux droits fondamentaux : l’alimentation, les soins de santé, l’éducation, la liberté de se déplacer sans contrainte … Ils ouvrent les champs des possibles, ils explorent d’autres voies. C’est vraiment enthousiasmant et porteur d’espoir ! Il ne s’agit déjà plus de quelques graines semées çà et là. Cette nouvelle génération consciente des enjeux de demain forme déjà une véritable forêt, avec des millions de rhizomes qui partent dans tous les sens. »

À travers ses actions et ses enseignements, Pierre Ozer inspire non seulement ses étudiants, mais aussi toute une communauté à repousser les limites de l'imagination et de l'action.

« L’Université s’ancre dans le 21e siècle, fait des tests, mélange les disciplines et introduit le milieu artistique dans le cadre des cours. C’est très important, parce que ça nous permet de rêver et de nous projeter vers la création d’autres voies que celles dans lesquelles nous sommes engagés », conclut-il, invitant chacun à échanger et à participer à la construction d'un avenir plus juste et plus durable.

Source :  le site de l'Université de Liège

Pierre Ozer : explorer les marges, rêver demain (uliege.be) 

Dernière modification le jeudi, 04 avril 2024
Moës Julien

Né à Geer, en province de Liège (Belgique), le 5 septembre 1948, je suis diplômé de l'enseignement supérieur à l'Institut pour Journalistes de Belgique. Journaliste professionnel et auteur, ancien secrétaire de rédaction au quotidien La Wallonie (1971-1990), ancien président de l'Association des Journalistes professionnels de Belgique - section Liège-Luxembourg et chef du service communication de la Province de Liège de 1993 à 2006, je suis actuellement administrateur de La Maison de la Presse et de la Communication de Liège, de la télévision locale RTC-Télé Liège et de la Société des Lecteurs du Monde ainsi qu' animateur aux côtés de Régine Kerzmann de l'émission "Nos auteurs ont la parole" sur RCF Liège. Je tiens aussi sur facebook un site comme chroniqueur littéraire.