En revanche il semble important d’aménager les temps des enfants, parmi lesquels les temps scolaires occupent un peu moins de 10% de leur temps total. D’où l’importance de construire un projet éducatif prenant en compte tous les temps collectifs des enfants, le construire de façon partenariale de façon à ce qu’une cohérence soit donnée à ces différents temps. C’est ce qui permettra aux enfants de percevoir une continuité éducative à travers les différents temps dans lesquels il devra obligatoirement passer au cours de sa journée et au cours de sa semaine.
En effet une réforme de cette importance, s’appuyant sur la suppression de la semaine de 4 jours d’abord et avant tout pour résorber les difficultés d’apprentissage chez les enfants actuellement en échecs ou en passe de l’être, peut-elle se contenter de demander aux enseignants de rendre un cadre comportant des cases vides à remplir plus tard ? Au lieu de demander à l’ensemble des acteurs d’abord un projet nécessitant un cadre horaire particulier ?
En tant que professeur de psychologie de l’éducation, je sais à quel point il est important de considérer l’enfant comme un être global et non comme une juxtaposition d’enfants différents, qui serait tantôt élève, tantôt enfant de sa famille, tantôt enfant du centre de loisirs ou de l’accueil périscolaire. C’est aux adultes que revient la responsabilité de donner de la cohérence entre les structures, les adultes et les lieux différents dans lesquels l’enfant devra aller. C’est à ce prix que son développement sera harmonieux.
D’ailleurs Jules Ferry, dans sa lettre aux instituteurs (17 novembre 1882), écrivait : « il ne suffit pas que vos élèves aient compris et retenu vos leçons, il faut que leur caractère s’en ressente ; ce n’est pas dans l’école, c’est surtout hors de l’école qu’on pourra juger ce qu’a valu votre enseignement. ». (In Leconte, ibid., p. 147).
La « réforme » a été mise en place pour permettre d’améliorer les performances éducatives. Mais comme le dit un récent rapport de l’Inspection générale, « L’innovation ne pourra pas devenir un véritable levier de ce changement tant que la communauté éducative dans son ensemble n’aura pas accepté l’idée d’une rénovation en profondeur des dispositifs traditionnels d’enseignement. ». Or les dispositifs d’enseignement ne peuvent évoluer que si on accepte de faire évoluer les temps dans lesquels ils s’inscrivent.
Est-on vraiment en train de réformer, avec ce qu’impose le ministère via le décret de janvier 2013 ?