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Article de Claire LECONTE initialement publié sur Prisme 

Le ministère a lancé ce qu’il a appelé la « réforme des rythmes sco­laires », en s’appuyant sur les travaux des chro­no­bio­lo­gistes, alors que tout chro­no­bio­lo­giste sait qu’on ne peut réformer des rythmes : ceux-​​ci doivent être syn­chro­nisés, ou ils peuvent être désyn­chro­nisés, mais cer­tai­nement pas réformés.
En revanche il semble important d’aménager les temps des enfants, parmi les­quels les temps sco­laires occupent un peu moins de 10% de leur temps total. D’où l’importance de construire un projet éducatif prenant en compte tous les temps col­lectifs des enfants, le construire de façon par­te­na­riale de façon à ce qu’une cohé­rence soit donnée à ces dif­fé­rents temps. C’est ce qui per­mettra aux enfants de per­cevoir une conti­nuité éducative à travers les dif­fé­rents temps dans les­quels il devra obli­ga­toi­rement passer au cours de sa journée et au cours de sa semaine.
 
En effet une réforme de cette impor­tance, s’appuyant sur la sup­pression de la semaine de 4 jours d’abord et avant tout pour résorber les dif­fi­cultés d’apprentissage chez les enfants actuel­lement en échecs ou en passe de l’être, peut-​​elle se contenter de demander aux ensei­gnants de rendre un cadre com­portant des cases vides à remplir plus tard ? Au lieu de demander à l’ensemble des acteurs d’abord un projet néces­sitant un cadre horaire particulier ?
 
En tant que pro­fesseur de psy­cho­logie de l’éducation, je sais à quel point il est important de consi­dérer l’enfant comme un être global et non comme une jux­ta­po­sition d’enfants dif­fé­rents, qui serait tantôt élève, tantôt enfant de sa famille, tantôt enfant du centre de loisirs ou de l’accueil péri­sco­laire. C’est aux adultes que revient la res­pon­sa­bilité de donner de la cohé­rence entre les struc­tures, les adultes et les lieux dif­fé­rents dans les­quels l’enfant devra aller. C’est à ce prix que son déve­lop­pement sera harmonieux.
 
D’ailleurs Jules Ferry, dans sa lettre aux ins­ti­tu­teurs (17 novembre 1882), écrivait : « il ne suffit pas que vos élèves aient compris et retenu vos leçons, il faut que leur caractère s’en res­sente ; ce n’est pas dans l’école, c’est surtout hors de l’école qu’on pourra juger ce qu’a valu votre ensei­gnement. ». (In Leconte, ibid., p. 147).
 
La « réforme » a été mise en place pour per­mettre d’améliorer les per­for­mances éduca­tives. Mais comme le dit un récent rapport de l’Inspection générale, « L’innovation ne pourra pas devenir un véri­table levier de ce chan­gement tant que la com­mu­nauté éducative dans son ensemble n’aura pas accepté l’idée d’une réno­vation en pro­fondeur des dis­po­sitifs tra­di­tionnels d’enseignement. ». Or les dis­po­sitifs d’enseignement ne peuvent évoluer que si on accepte de faire évoluer les temps dans les­quels ils s’inscrivent.
 
Est-​​on vraiment en train de réformer, avec ce qu’impose le ministère via le décret de janvier 2013 ?
 
Dernière modification le lundi, 30 mai 2016
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