De nombreux intervenants présents ou en connexion numérique ont permis de poser une réflexion sur les différentes dimensions de l’Intelligence Artificielle : les dimensions économiques, technologiques et éthiques ont été questionnées.
Les enjeux de l’Intelligence Artificielle en Afrique et en Asie ont été explorés sous un prisme nouveau celui des cultures et de l’innovation créative sociétale.
Des experts de la Commission Economique des Nations Unies et des ambassadeurs des Chaires Unesco présentes dans le monde, ont bien souligné l’essentiel des évolutions et des prises de conscience souhaitables.
Tout ce qui concerne le social en tant que niveau social et représentations ne peut évoluer qu’en prenant pour base une éducation ouverte et variée.
Ce colloque s’inscrit dans un programme mondial porté aussi par la France : AFRICA 2020.
N’GOME FALL, Commissaire Général a insisté sur l’importance des créations et des projets et concours élaborés en Afrique particulièrement. Des prix ont été décernés par exemple pour le Sénégal avec son documentaire primé sur l’Intelligence artificielle et ses innovations.
L’organisation de cette Chaire a été très appréciée.
Contemporanéité et Intelligence artificielle : Sciences et data pour un développement de l’écologie humaine. Usages en pédagogie et défis éthiques.
Par Catherine Pascal maîtresse de conférences en SIC- université Bordeaux Montaigne/MICA, (EA 4426), Axe ICIN, Information, Connaissance, Innovation, Numérique. Usages et formes hybrides d’innovations en information et connaissance.
Résumé :
Avec le développement des dispositifs numériques et de l’Intelligence Artificielle, l’écosystème numérique nous inscrit dans un univers de reconfiguration des possibles où les innovations plurielles peuvent s’appréhender par des prismes différentiels et antagonistes. La variable durabilité nous fait comprendre cela aussi.
Notre contribution propose d’aborder la question de la durabilité en innovation numérique et plus particulièrement les formations et expertises concernant les sciences et data et les usages en développement de l’écologie humaine. Les défis éthiques seront questionnés.
Les problématiques de data, en contexte de crise sanitaire exigent de nous une prise de responsabilités multiples.
Ces nouvelles formes de phénoménalités en connaissances, en expertises et en engagements sont des processus entendus ici comme formes de construction d’une réalité hybride qui engagent formateurs et étudiants face aux dispositifs numériques.
Alors que la littératie souvent idéologique et technicienne sur le développement durable n’aborde pas souvent les usages innovants de L’Intelligence Artificielle, nous développerons ici un angle d’évolution en co-construction créatif et singulier, en prenant en compte par exemple les écarts ou risques possibles entre le droit à la science (écologie humaine incluse avec discussion sur une modernité autre envisagée) et le droit à la connaissance, sous questionnements validés par les pairs, ceci dans un contexte où les big, small et open data sont prégnantes, par exemple en tourisme avec les data et la gouvernance orchestrée par l’OCDE.
Avec le développement des dispositifs numériques et de l’Intelligence Artificielle, l’écosystème numérique nous inscrit dans un univers de reconfiguration des possibles où les innovations plurielles peuvent s’appréhender par des prismes différentiels et antagonistes.
La variable durabilité nous fait comprendre cela aussi. Nous la croisons ici avec celle des datas visibles dans le secteur tourisme, et plus particulièrement en formation au tourisme : datas, intentions et idéologies se confrontent. Ces contradictions explicites révèlent un implicite composé de nouvelles formes de phénomènes sensibles en médiatisation des sciences et plus particulièrement en sciences humaines et sociales.
Notre objet est d’appréhender une approche contemporaine concernant l’Intelligence Artificielle. Le droit à la science en tant que savoir évolutif peut rentrer en collision avec le droit et le désir à la connaissance sachant que la prégnance des données et métadonnées sous logiques métriques est plus qu’influente.
D’où ici notre principal questionnement : comment apporter une démarche critique sur l’impact et l’influence des données et métadonnées dans le secteur du tourisme quand il est question de durabilité autant humaine qu’environnementale.
Expertises, connaissances, savoirs et médiatisations sont à questionner autrement, sous le prisme de l’Intelligence Artificielle.
Voici notre plan :
1 Territoires et expériences de connaissances et savoirs (big, small et open data en questions.)
1 .1 Connaissances, savoirs et calculs
1.2 Pratiques par porosités de typologies de connaissances et de savoirs.
2 Datas et logiques métriques
2.1 Les données : de la donnée aux biais psychologiques et cognitifs
2.2 Datas, calculs et conditionnements cognitifs
2.3 Cas étudié : Open Data, OCDE et les territoires. : approches chiffrées en questions.
3 Immersion et conséquences en pratiques de formation et idéologies : approches critiques
3.1 Objet d’études. Sciences et cultures : ambiguïtés.
3.2 Terrains et immersion d’étudiants : co-constructions méthodologiques et formes sociales en questionnements
La crise sanitaire vécue nous contraint à poser un regard plus réflexif sur l’importance à donner au temps surtout pour permettre une autre construction du Savoir à partir des connaissances soumises au chaos et à l’évolution, Antigone Mouchtouris, sociologue souligne l’importance du Kairos en tant que temps humain de mise en constructions de relations humaines et de relations autres au Savoir,(Mouchtouris, 2021).
« Dans notre monde contemporain, c’est le philosophe Cornelius Castoriadis qui a réactualisé et réhabilité le kairos. Pour lui, c’est le temps de l’action ; il lui a donné une dimension politique et sociale, celle de l’action et de l’acteur qui agit dans le présent. Que peut-on retenir d’original et de fécond dans ses écrits ? Les rapports de l’être humain avec le temps de l’action transformatrice. Il considère également le kairos comme un élément dans la décision et dans l’action. Son approche donne aussi une réponse au temps historique qui a traversé deux siècles et qui, au nom de l’histoire, a engendré des crimes et servi d’argument pour justifier les institutions. » (Mouchtouris, 2021 : https://connaissance.hypotheses.org/186.)
En effet, ces enjeux scientifiques, politiques et éthiques méritent d’être questionnés entre partage, concertation, participation, expérience et engagement d’acteurs différents en rôles et cultures, ceci avant d’envisager un Espace commun ou Espace public qui nous permettrait de passer de la Techné au Corps Social. (Pascal C., 2019.)
« Y aura-t-il un après Covid : Y’ aura un avant et un après Covid19 ? En matière d’éducation, il s’agit désormais de former les élèves à faire face à des crises environnementales par nature imprévisibles. La catastrophe que nous vivons actuellement pourrait modifier nos manières de considérer l’éducation et nous encourager à développer des éducations au bien commun, “vraiment” engagées, et à la construction collective de l’adaptation pour une résilience pour tous. » A.- F. Gibert, (2020).
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Dernière modification le vendredi, 02 septembre 2022