Vous avez une voiture, un téléphone portable et un peu de temps, vous pouvez transporter des passagers d’un point à un autre de votre ville ; vous avez un appartement que vous n’occupez pas entièrement ou pas tout le temps, vous pouvez le louer de temps en temps à des personnes de passage ; vous faites un trajet avec votre voiture et il y a des places disponibles vous pouvez prendre des passagers pour faire le voyage avec vous ; vous avez des outils que vous n’utilisez pas tous les jours vous pouvez les partager avec d’autres utilisateurs occasionnels ; vous avez un talent, un savoir faire dont vous ne faites pas profession, vous pouvez en faire profiter votre entourage… c’est uber, le bon coin, blablacar , airbnb etc…c’est le monde numérique qui débarque en force dans la vie de tous les jours avec son lot de promesses pour l’avenir.
Il a débarqué et il est vain de penser et dire qu’il y a danger parce que la richesse ainsi créée l’est au détriment de professions établies depuis des siècles : chauffeurs de taxi, hôteliers, agences de voyage ou de location, artisans, transporteurs…et demain peut-être avocats, médecins, professeurs…
Il est encore plus inutile de tenter de protéger les professions établies contre ce qui est, de fait, une invasion de leur marché.
Toutefois, il est indispensable de convoquer les valeurs de solidarité, d’égalité et de justice pour rendre cette invasion à la fois supportable, constructive et intégrante. La richesse ainsi produite doit pouvoir satisfaire trois exigences : assurer une protection sociale à ceux qui la créent, assurer la redistribution à l’ensemble de la société, atténuer la brutalité du passage d’un système économique moribond à celui qui a vocation à le remplacer.
Les hommes et femmes qui vont s’affronter dans le monde lors des importantes joutes électorales à venir doivent être jugés sur leur capacité à imaginer le développement et l’emploi de ces nouvelles richesses liées à l’économie numérique et sur leur capacité à calmer les peurs, tant légitimes que non fondées, engendrées par la mutation en cours.
Il est de leur responsabilité de faire des propositions dans ce sens : c’est le seul moyen de bannir durablement ceux et celles qui font de ces peurs leur fond de commerce, ceux et celles qui jouent avec nos inquiétudes pour déstabiliser nos démocraties, ceux et celles qui « imaginent » pour notre avenir de soi-disant eldorados qui n’appartiennent plus qu’au passé.
Jacques Puyou
Dernière modification le mercredi, 10 août 2016