Quelles sont ces vagues nouvelles plus puissantes qui nous incitent aujourd’hui à voir comment cette société de flux change inexorablement les équilibres et rapports de force  – informations, images, ressources, outils, jeux, productions, cours en ligne, réseaux sociaux, data, Intelligence artificielle - ?

Question posée lors des Boussoles du numérique IV, le 27 septembre à Bordeaux.

Jean-Louis Nembrini, Vice-président Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine inscrit cette journée au centre des préoccupations de chacun :

Tout le sens de ce travail aujourd'hui est dans l'anticipation ...

"Anticiper sur ces questions c'est redoutable, tant les pratiques sont concomitantes avec l'irruption de l'outil. Les enseignants sont créatifs, les acteurs, les élèves sont créatifs, et ils les utilisent également pour des pratiques de harcèlement..."

https://educavox.fr/accueil/reportages/boussoles-du-numerique-iv-rendez-vous-aux-docks

ALL IN … deux jours chez l’Intelligence Artificielle au Québec

"L’enseignement saura-t-il se positionner au peloton de départ ou se pointera-t-il bon dernier comme il l’a fait pour l’usage des technologies numériques par les services scolaires, les écoles et les classes, pour s’éveiller avec près de 20 ans de retard, tergiverser et excuser ces faux départs par de longues et stériles discussions au sujet du bien-fondé de leur usage en éducation et en enseignement... C’est en m’informant au sujet de la vision et de l’usage de l’IA par le commerce et l’industrie que je m’éveille à quelques-unes des possibles applications de l’IA en éducation et en instruction des élèves des écoles primaires et secondaires."

Ninon Louise LePage :  https://www.educavox.fr/accueil/reportages/all-in-deux-jours-chez-l-intelligence-artificielle

Olivier Ertzscheid : “Intelligence artificielle : nous sommes passés du rêve d’un web sémantique à la réalité d’un web synthétique“

Un peu plus de 10 après avoir inventé le web, Tim Berners Lee signait en 2001 avec deux autres collègues un texte qui posait les bases de son futur : le web sémantique.

Tim Berners-Lee précisait cependant : “le web sémantique permettra aux machines de comprendre les documents et les données sémantiques mais pas la parole et les écrits humains.”

Quelques vingt années plus tard, le monde entier fut bluffé par l’arrivée d’un agent conversationnel inédit pour le grand public, capable de mimer l’apparence de raisonnements et de le faire dans le dialogue, et semblant cette fois parfaitement capable de comprendre non seulement les documents mais aussi la parole et les écrits humains : ChatGPT reléguait du même coup en quelques jours Siri, Alexa et autres “OK Google” à une sorte de préhistoire triviale.

Il y a quelques semaines et selon une indiscrétion du Financial Times, on apprenait que Mark Zuckerberg envisageait prochainement le lancement d’agents (bots) dopés à l’intelligence artificielle et dotés de “personnalités” (sic) qui agiraient “comme des assistants, des coachs ou qui peuvent vous aider à interagir avec des entreprises et des créateurs”, ajoutant aussi “Nous ne pensons pas qu’il y aura une seule IA avec laquelle les gens interagiront.” Cette gamme vient d’être lancée le 27 Septembre 2023.

De fait, pendant ces vingt dernières années, c’est presque la moitié du trafic sur le web qui est généré uniquement par des bots, lesquels bots sont aussi présents en masse dans les différents médias sociaux.

En 20 ans nous sommes passés du rêve de Tim Bernes-Lee d’un web sémantique, à la réalité d’un web presqu’essentiellement … synthétique.

Olivier Ertzscheid : https://www.educavox.fr/accueil/debats/du-web-semantique-au-web-synthetique

L’intelligence artificielle en questions

Questions posées lors d'une animation aux Boussoles IV

Question 1 : Etes vous d’accord avec l'affirmation : Aujourd’hui, on ne peut pas faire sans IA ?

Non : des millions de gens dans le monde font sans IA tout simplement parce qu’ils n’y ont pas accès. De fait, l’IA creuse encore les inégalités et risque d’être un facteur supplémentaire d’inégalités. On peut convenir que l’IA a envahi le numérique mais encore faut-il avoir accès au numérique avec un débit suffisant.

Oui : les recommandations de produits, l’optimisation de stratégies ou de projets, le guidage par GPS…fonctionnent avec de l’IA. En contre partie, celle-ci se nourrit de toutes les données fournies par les utilisateurs sans que ceux-ci en soient toujours conscients et en se passant souvent de leur accord.

Question 2 : L’IA est-elle capable de créativité ?

Non : l’IA n’invente rien. Elle se contente d’assembler des morceaux de ce qui existe déjà dans les données qu’elle a à sa disposition. Elle n’a aucune conscience de ce qu’elle fait. Elle fait en sorte que l’on soit content de la réponse qu’elle fournit que celle-ci soit bonne ou mauvaise.

Oui : le texte ou l’image produits par l’IA n’existaient pas auparavant. Il s’agit donc d’une création. Au demeurant, la création d’une œuvre par un être humain s’appuie généralement sur une culture de l’existant même si elle apporte un plus par rapport à celui-ci. Elle ne survient pas ex nihilo.

Question 3 : l’IA apporte-t-elle une plus value dans nos pratiques professionnelles ? (sous entendu pour des enseignants)

Oui : l’IA peut proposer des idées ou des stratégies à partir d’un corpus de données, elle peut faire une synthèse. L’IA peut faire partie de la panoplie de l’enseignant mais ce sera dans tous les cas un outil exigeant. En effet, l’IA renforce la place de l’humain. Le rôle de l’enseignant reste plein et entier.

Jacques Puyou : https://educavox.fr/accueil/reportages/l-intelligence-artificielle-au-coeur-du-reacteur

Quand on pense IA on pense maintenant Chat GPT malgré les craintes engendrées et les défauts constatés.

L’Intelligence Artificielle et Chat GPT, ressources, Réalité Virtuelle, réseaux sociaux… au cœur du réacteur.

Les influences importantes et durables des technologies numériques dans nos sociétés impactent le rapport à l’information, modifient les rapports sociaux et les relations au sein de l’école, et nous obligent à découvrir, analyser les potentiels, mesurer les impacts.

Quelles stratégies, quelles nouvelles compétences, quelles possibilités pour les apprentissages, quelles protections pour les données, quels rapports au sein de l’école ?

Le numérique a impacté :

Les relations entre élèves (réseaux sociaux),

Utilisation intensive qui crée un continuum entre l’espace-temps scolaire et le hors-temps scolaire avec pour effets pour les éducateurs (tous les personnels qu’ils côtoient en établissement) et les familles, souvent, une forme d’ignorance des usages.

Ces usages sont non régulés et peuvent conduire à des dérives souvent empreintes de violences.

Besoin impérieux d’éducations à…

L'accès aux ressources et informations, (ENT Utilisation des ressources en ligne) ;

L’accès aux ressources est largement facilité. Nous parlons des ressources liées aux apprentissages mais cela vaut pour toute l’information – au sens large – disponible sur le Net.

C’est foisonnant, structuré pour ce qui concerne le scolaire. Il reste les limites liées aux accès : équipement individuels mobiles, littératie, capacités et compétences pour trier, vérifier, retenir.

Les approches pédagogiques ?

Pour les enseignants qui s’en saisissent – ou s’en emparent – il est clair que le numérique éducatif peut constituer une opportunité en matière d’offre pédagogique et éducative qualitative.

Impacts systémiques :

Positionnement,

Gestes professionnels,

Identité professionnelle.

Les évolutions des structures (salle de classe...) et des équipements.

Evolutions très importantes qui se dessinent :

Classes flexibles,

Intégration des équipements ou non,

Besoins d’évolutions,

Archiclasse. https://archiclasse.education.fr/

La dynamique Notre Ecole, faisons-là tous ensemble en témoigne avec le nombre de projets, quelles que soient les unités d’enseignement, qui sont déposés.

Questionnements sur les équipements :

Terminaux fixes ou mobiles,

Place du BYOD…(Apport de son équipement personnel)

Usages in situ et hors établissement.

Usages pédagogiques/éducatifs et usages personnels : articulations pour une montée en compétences en matière de littératie numérique des élèves.

Y a-t-il des expérimentations ou des exemples d'utilisations de l'Intelligence artificielle ?

Oui avec beaucoup de questionnements et de prudence.

Occurrences d’élèves qui utilisent ChatGPT à la maison pour faire des devoirs maison, (DM), des recherches ou autres.

Dilemme de l’utilisation en classe pour accompagner l’acculturation et la montée en compétences et des mesures restrictives en lien avec la législation et la nécessaire protection des élèves et des enseignants et éducateurs.

RGPD : ChatGPT n’est pas compatible. La question centrale reste celle des données personnelles.

Les IA génératives suscitent autant d’intérêt que de méfiance. Légitimement.

Il est évident que nous sommes à l’aube d’une (r)évolution majeure, dans les 5 à 10 prochaines années, de tout ce qui va toucher à l’éducation et les dynamiques d’apprentissages et d’enseignement.

Jennifer Elbaz : https://educavox.fr/alaune/l-intelligence-artificielle-et-chat-gpt-plateformes-de-ressources-realite-virtuelle-reseaux-sociaux-au-coeur-du-reacteur

Pourquoi ne pas interroger ChatGPT ?

L’intelligence artificielle est souvent perçue comme un assistant possible d’où la première question posée à ChatGPT : « Comment peux-tu aider les enseignants ? »

ChatGPT fournit toute une liste de tâches où en effet il peut s’avérer utile, à savoir :

Fournir des explications et des informations

Générer du contenu éducatif

Aider à la planification de cours

Répondre aux questions des élèves

Suggérer des méthodes d’enseignement

Assister dans la recherche pédagogique

Faciliter la communication

Fournir des informations actuelles

Encourager la créativité

Jean-François Cauche : https://educavox.fr/accueil/reportages/boussoles-du-numerique-iv-les-docks-chatgpt-grand-temoin

Les politiques éducatives : le service public du numérique

Se poser la question des politiques éducatives dans le cadre d’un service Public du numérique dans le cadre scolaire n’est pas simple. L’éducation ne se résume pas uniquement à des apprentissages scolaires et le numérique a apporté avec son horizontalité une complexité sans précédent. La culture numérique, la culture scientifique et l’adéquation avec la culture plus globale à l’échelle de l’Europe et du monde se sont imposés avec des défis culturels, environnementaux et démocratiques. Les acteurs des collectivités, de l’Etat, les acteurs du monde économique, tous les acteurs éducatifs ont des défis majeurs à relever.

Le premier principe dégagé lors des échanges, au-delà des difficultés constatées dans les domaines des équipements et dotations en matériel,  de la formation des personnels, de l'appropriation par les élèves des outils mis à disposition... est la création d'un "Ecosystème" (approche systémique partagée par les acteurs), facilitant la continuité entre les usages scolaires des outils numériques et les usages personnels

Le second principe, complémentaire et directement articulé au précédent, est la confiance à instaurer ou restaurer avec les familles, au cœur d'une stratégie visant l'égalité entre les territoires : concevoir les modalités de collaboration avec certains parents en rupture avec le monde scolaire, consolider les liens avec les jeunes et leurs familles par un accueil physique renforcé mais aussi par l'appropriation d'applications accessibles présentées en milieu scolaire et exploitable sur les temps personnels (un partenariat avec les entreprises est à développer de manière plus spécifique). Dans cette perspective également, poursuivre la lutte contre le harcèlement et prévenir les addictions aux jeux vidéo...

Le troisième principe, très bien interrogé par la conférence de Anne CORDIER, mais également abordé lors de cette première table ronde, est l'EMI (Education aux médias et à l'information), démarche ancienne dans le monde scolaire, qui  est à nouveau au centre des préoccupations des professionnels de l'enseignement et de la formation : éduquer à l'information (apprendre à rechercher et vérifier un information et les sources, réfléchir à un cadre éthique de la formation, développer une culture de la documentation...), développer un esprit critique, réfléchir sur les modèles économiques des réseaux sociaux en lien avec notre démocratie (accès aux informations sans filtre, modèle libéral, contrôle de l'Etat...), au regard du "désordre informationnel" actuel avec certaines familles très démunies face à ces enjeux...

Robert Sauvaget : https://educavox.fr/accueil/reportages/les-politiques-educatives-le-service-public-du-numerique-dans-le-cadre-scolaire

L'Intelligence Artificielle, un défi d'abord économique...

"Bien que l’intelligence artificielle soit un sujet de recherche fondamentale relativement ancien, les performances atteintes au cours de ces dernières années permettent l’éclosion d’un marché reposant sur une multitude d’applications arrivées à une certaine maturité. Le marché de l’intelligence artificielle sort de sa niche pour devenir l’un des piliers de l’économie des décennies à venir. Nous vous proposons de suivre au jour le jour l’évolution de ce marché en pleine effervescence : levées de fonds de startups IA, fusions et partenariats, etc."

Articles ACTU IA décrivant l'impact de l'intelligence artificielle dans le secteur marché de l'IA.

Nous sommes en droit de nous interroger avec, d'un côté des déploiements à l'échelle mondiale, liés aux marchés, et de l'autre le défi complexe que devient la formation.

Il peut y avoir un paradoxe entre les marchés de l'IA en croissance rapide et les ressources limitées consacrées à l'éducation. Les investissements dans l'IA sont souvent motivés par le potentiel de profit à court terme, tandis que l'éducation nécessite des ressources à long terme et peut ne pas offrir un retour sur investissement immédiat.

De plus, les inégalités de territoire, la formation qui nécessite une compréhension approfondie des mathématiques, de la programmation, de la science des données, de l'éthique, rendent le processus de formation plus complexe. Chacun doit être sensibilisé à la citoyenneté numérique, aux questions d'éthique, confidentialité des données, discrimination algorithmique, la sécurité. Cela fait partie intégrante de l'éducation numérique.

L'évolution rapide de la technologie, de la société et de l'économie, l'irruption de l'Intelligence artificielle, modifient le rôle de l'éducation, ce qui peut susciter des réflexions sur la manière dont elle éclaire les citoyens aujourd'hui. L'éducation ne s'inscrit-elle pas désormais dans un écosystème d'apprentissage plus vaste ?

Michelle Laurissergues