La collaboration en milieu scolaire peut se pratiquer de façon informelle et se développe d’une manière forte par les réseaux, permettant des solidarités, des réponses dans l’immédiateté à des questions concrètes, des entraides, des initiatives fédérant autour de pratiques innovantes des communautés d’enseignants
Elle peut se réaliser de manière plus formelle lors de sessions de formation en présentiel mais également de manière plus autonome, ou en tutorat.
Le numérique a entrainé des pratiques différentes, facilitées par le déploiement d’outils dont il reste à faciliter et accompagner les usages.
Ainsi le réseau CANOPE a présenté lors des Rencontres de l’Orme ses différentes plateformes : http://www.educavox.fr/accueil/reportages/des-outils-et-des-services-pour-des-pratiques-plus-collaboratives
Des acteurs différents, une responsabilité collective
Pour que la collaboration soit efficace, certains critères sont indispensables : le partage des responsabilités et des informations, des buts et des projets, la confiance et l’appartenance à un groupe bien identifié. Le numérique a imposé un travail plus coopératif impliquant des mondes différents avec des modes de pensée et d’agir différents, personnels d’éducation et collectivités ou monde économique avec les filières industrielles par exemple. En cela il déstabilise totalement les modes de pensée qui utilisent une organisation hiérarchisée et cloisonnée.
La transformation du système scolaire avec le numérique ne peut pas se réaliser sans les apports et collaborations de tous les acteurs. Plus l’avis et la compétence spécifique de chacun seront pris en compte et plus on aura de chance d’offrir une démarche, un fonctionnement ou un service approprié. Il ne s’agit plus seulement de pratiques collaboratives qui favorisent la cohérence et la continuité éducative – et on en est encore loin parfois notamment sur les différents temps scolaires) mais d’une appropriation de la culture numérique et des modes de fonctionnement différents au delà d’une appropriation des outils.
Une nouvelle gouvernance
Ainsi le Forum changer d’Ere posait cette année la question de « Partager le pouvoir à l’ère des réseaux sociaux ». Dans le contexte actuel d'une forme de crise des pouvoirs et d'interrogations sur la gouvernance des organisations, que les réseaux sociaux et le web accélèrent le forum Changer d'Ere apporte un regard croisé d'hommes et de femmes de différentes générations, conscients de la nécessité d'ouvrir pour l'avenir de nouvelles voies.
Michel PEREZ, IGEN honoraire et administrateur de l’An@é, s’est donc exprimé sur les répercussions de ces changements numériques dans le domaine de l’éducation.
De l’homme augmenté grâce à l’accès en mode ATAWAD (la possibilité d'accéder à tout ou partie d’un système d'information n’importe quand, n’importe où et avec n’importe quel outil connecté), Michel PEREZ trace un panorama des changements induits par le numérique en termes d’autonomisation, de prise de pouvoir par les élèves et par les enseignants sur les processus d’apprentissage, de formation ou de production collaborative.
Il est aussi question de partage des lieux de savoir et de nouvelle architecture des établissements scolaires qui peuvent désormais s’ouvrir sur leur environnement urbain en lien avec les partenaires territoriaux de l’éducation.
Ce processus de transformation des relations du pouvoir entre individus et groupes se développe avec le web.
Prendre DU pouvoir, plutôt que de prendre LE pouvoir, c'est dans l'actualité du numérique et de la formidable explosion des réseaux sociaux. Il s'agit bien de convaincre tous les acteurs des immenses possibilités qu'offre le web pour développer les moyens de renforcer sa capacité d'action et de s'émanciper.
Joël de Rosnay, dans cet entretien réalisé lors de l'édition 2016 du forum « Changer d'Ere » qu'il parraine depuis l'origine, Joël de Rosnay invite chacun de nous « à prendre le pouvoir sur soi-même, en se donnant la capacité de faire des choses, de prendre des décisions ».
Forum changer d'Ere 2016 : Voir les récents articles publiés sur Educavox
Quelles compétences développer ?
La collaboration peut-elle être considérée comme une véritable compétence transversale de professionnalisation ?
Comment résoudre la question de la compétition inhérente aux concours, à l’évaluation individuelle des enseignants avec des pratiques collaboratives qui sont créées de manière collectives ? Il s’agit d’ailleurs du même problème posé en classe par les notes et la démarche individuelle qui en découle.
Lorsqu’on reproche l’élitisme du monde éducatif, un des leviers est certainement d’approfondir ces questions, situant la compétence d’une manière individuelle et collective : Privilégier l’horizontalité, les échanges, les débats, les démarches de co-construction, les entraides et la coopération.
Quelques récents articles publiés sur Educavox en témoignent. Depuis 2014, une centaine d’articles et d’actions concrètes sont réunies par ce tag : apprentissages collaboratifs.
Collaborer, pourquoi faire ?
Chaque individu dans la société aspire on le voie chaque jour, à pouvoir décider.
Décider ce n’est pas simplement avoir des choix personnels qui oublieraient quelques règles de vie commune. Les enjeux citoyens en éducation sont très forts.
Comme l’évoque Michel Guillou dans son dernier billet :
« L’objectif commun est l’acquisition par tous, les jeunes les premiers, d’une culture numérique, globale, citoyenne et commune ». http://www.educavox.fr/alaune/sortir-de-cette-logique-d-usage-et-engager-les-jeunes-a-etre-des-acteurs-d-internet
Collaborer permet de développer une intelligence collective. En effet, on a besoin de toutes les compétences et de toutes les approches pour agir dans notre société connectée qui est un véritable écosystème numérique.
Je laisserai la conclusion à Jacques Cool : Les sept outils de l’innovation (et ce n’est pas ce que vous pensez…)
« L’époque que nous vivons est sans précédent dans l’histoire de l’humanité, rien de moins. L’école a donc une responsabilité sociale de s’actualiser afin que le retour sur l’investissement fasse de ce monde, amplement et profondément transformé par la technologie, l’accès à l’information et les nouveaux rapports entre les gens, un monde meilleur.
Au-delà de ce discours philosophique apparait une réalité plus près de chacun. Localement, la vision, l’action et le leadership, sur des fondements humains et soucieux de ce qu’il a de mieux pour chaque jeune, il importe de mener le changement par le milieu – « Lead/change from the middle », dit Michael Fullan. La tâche est noble.
- Contraintes systémiques à confronter avec courage
- Organisation des espaces à repenser pour les bonnes raisons
- Culture de l’évaluation à remplacer
- Rapports aux savoirs à reconnaître
- Finalités de l’école à revoir et actualiser
- Valorisation et reconnaissance du développement professionnel
- Éducation aux médias et gestion de son identité numérique
- Intention pédagogique dans les usages du numérique
- Communautés qui se transforment comme partenaires
- Raconter ses histoires pour contaminer positivement
…La liste est longue. C’est un écosystème, l’école.
Penser à l’intérieur de la boîte… car ce sont les gens qui y sont qui font la différence. »
Michelle Laurissergues
Présidente de l’An@é
Pour aller plus loin :
Dernière modification le vendredi, 30 septembre 2016