Le contexte : Des questions sociales autant que technologiques
« Louise Merzeau estime que le numérique n’est la plupart du temps abordé qu’à travers le paradigme de la rupture et de la nouveauté alors qu’il fait déjà partie de notre passé. Son histoire est cependant peu enseignée et sa mémoire peu audible. Elle affirme qu’il est de la mission de l’école d’aborder l’environnement numérique non seulement comme outil ou média, mais comme tel, à travers une appréhension globale, réflexive et rétrospective.
Pascal Plantard aborde la question de la dimension symbolique des technologies et de nos représentations. Dans la construction interne des usages, il identifie trois types de processus anthropologiques : le butinage, le bricolage, le braconnage. Enfin, il insiste sur l’importance des inégalités éducatives et sur l’approche systémique qu’il convient de mener à l’échelle du territoire. »
Accès à l'article : Anthropologie du numérique : repères et enjeux pour l’éducation
Année après année, le thème des inégalités s’invite à chaque rentrée scolaire. La généralisation contrainte de « l’école à la maison » accentue nécessairement les inégalités entre les élèves. Ce qui était déjà le cas avant le confinement mais s’est accéléré avec lui. L’égalité des chances méritocratiques est un principe de justice incontestable dans les sociétés démocratiques...Est-ce bien réalisable aujourd'hui ? Les inégalités sociales et les diplômes fixent le destin social des individus...Echanges avec François Dubet, sociologue.
Accès à l'article : Inégalités, méritocratie, hiérarchies sociales : un triptyque dont il semble mal aisé de sortir
Une société fracturée
" Dana Boyd rappelle que pour nombre d’entre nous, la polarisation et la haine sont pleinement liées à l’écosystème de l’information dans lequel nous vivons, notamment aux médias de masse et aux réseaux sociaux. Cela produit nombre de conversations (passionnantes) sur la désinformation, le pouvoir des plateformes et la politique.
Pour elle, cependant, la polarisation et la haine sont d’abord les conséquences sociales d’une société fracturée, de personnes qui ne sont pas connectées les unes aux autres de manière significative ou profonde. Les divisions sont d’abord sociales avant d’être technologiques.
Les technologies n’en sont que le reflet ou l’accélérateur. Il est nécessaire de nous intéresser au graphe social, explique-t-elle, mais pas à la carte produite par nos connexions technologiques (voir par exemple de vieilles explications sur ce sujet), mais bien avant tout à la réalité de nos interconnexions sociales, à ceux auxquels nous sommes reliés et donc à ceux auxquels nous ne le sommes pas. Ce graphe social de la société est une infrastructure civique essentielle, explique-t-elle, mais trop peu de gens comprennent vraiment comment l’alimenter et l’entretenir "
Accès à l'article : Pour apaiser nos réseaux, il est temps de prendre soin de la construction du tissu social
Les technologies numériques ne transformeront pas l’éducation
Louis Derrac : Ce n’est pas tous les jours qu’un education technologist (1) américain publie une analyse nuancée sur les Edtech. Dans Failure to disrupt, Justin Reich s’emploie même à démontrer [spoiler alert] que les technologies seules ne seront probablement jamais capables de transformer significativement les modèles éducatifs. Intrigué par un tel discours et encouragé par les premières critiques positives, j’ai rapidement acheté l’ouvrage.
« Failure to disrupt » : les technologies numériques ne transformeront pas l’éducation
En fait les études démontrent que les nouvelles technologies bénéficient aux apprenants qui possèdent déjà un capital financier, social, technique, scolaire suffisant pour en tirer parti.
Patrick Figeac : Ce n'est pas la question du comment mais bien celles du quoi et surtout du pourquoi / pour quoi faire, qui se posent aujourd'hui. C'est en répondant à cette double question que nous pourrons espérer dépasser les contradictions et réussir peut-être l'impossible réforme.
https://www.educavox.fr/accueil/debats/crise-de-la-conscience-scolaire
Un foisonnement de ressources, d’initiatives et d’innovations
Loin des solutions purement technologiques, la communauté éducative essaie de mettre en place des projets, de nouvelles manières permettant de construire de la motivation, des apprentissages, des évaluations, des ressources, des accompagnements en tenant compte des contextes actuels. Quelques exemples :
Comment motiver les élèves ? Des FabLabs comme espaces de construction de la motivation
Anne Lehmans, Professeure en sciences de l’information et de la communication, IMS-RUDII (UMR 5218), associée au MICA :
" Le FabLab peut être considéré comme un dispositif sémio-socio-technique qui aide les élèves à (re)trouver des sources de motivation pour les apprentissages scolaires, ou reprendre un cursus de formation quand ils l’ont quitté. Le projet e-FRAN Persévérons a permis d’étudier les processus de construction de la motivation et de la persévérance dans la réorganisation des espaces-temps des apprentissages dans les FabLabs."
Accès à l'article : Des FabLabs comme espaces de construction de la motivation
Escape game, jeux d'énigmes virtuels, en distanciel ou présentiel ...
Les MIAMS, Midis Inter Acteurs-Actrices de la Médiation Scientifique, sont les nouveaux rendez-vous en ligne du réseau Science(s) en Occitanie. Le principe : échanger, partager, le temps d'un midi, et en toute convivialité, des expériences, bonnes pratiques et nouvelles idées pour renouveler ses actions de culture scientifique.
Accès à l'article : Echosciences Occitanie : Concevoir un escape game virtuel : retours sur le 1er MIAMS
Dans ces rubriques publiées sur Educavox, un aperçu de nombreuses initiatives ressources et pratiques
Nous ne sommes pas au bout de nos peines
Le paradoxe entre un monde dématérialisé et l’augmentation physique d’infrastructures pour soutenir cette virtualité grandissante apparaît au grand jour.
La matérialité prend de nombreuses formes : smartphones, tablettes, ordinateurs, robots et tout autre objet connecté qui émet et reçoit les données, puces électroniques, centres de stockage de données, routeurs, serveurs, antennes, câbles marins et satellites, mais également tout un réseau d’énergie qui permet le fonctionnement de ces infrastructures. Le « sac à dos écologique » du numérique s’avère plus lourd encore que ce qu’on pouvait imaginer. Au bilan carbone s’ajoute un « bilan ressources » jusqu’ici déconsidéré.
« À nous engager, tête baissée, dans un monde prétendument éthéré et libre de tout carcan physique, nous fuyons cette évidence qui, inéluctablement, nous rattrape : un monde dématérialisé sera un monde toujours plus matérialiste. »
Accès à l'article : https://www.educavox.fr/accueil/breves/l-enfer-numerique-voyage-au-bout-d-un-like
Des plaques tectoniques se frottent s’ajustent…Séisme ou (et) temps de latence…Dans ces temps se construisent d’autres impératifs éducatifs.
Merci à tous les auteur.e.s et a.@.cteurs / a.@.ctrices qui nous offrent matière à réflexion et qui nous permettent de jeter l’ancre encore plus loin….
Michelle Laurissergues
Dernière modification le lundi, 22 novembre 2021