En réponse à l’appel à manifestation d’intérêt lancé en mai 2020, une commission composée de représentants de la DNE, de la DGESCO et de l’IGESR a analysé 31 dossiers de candidature portés pour la plupart d’entre eux par des laboratoires en partenariat avec une ou plusieurs délégations régionales/académiques au numérique. 11 dossiers sont retenus en regard des quatre groupements thématiques et des neuf axes de recherche appliquée proposés.
Quatre groupements thématiques ont été proposés :
1. Numérique, éducation et innovation : renouvellement des pratiques pédagogiques, de la forme scolaire et des enjeux de formation
2. Appropriation et organisation du numérique éducatif : dimensions sociales et territoriales
3. Humanités numériques, science et éducation ouverte : un nouveau défi pour la production et le partage des connaissances et des compétences au XXIe siècle
4. Intelligence artificielle et éducation : bien utiliser le potentiel d’assistance sans abandonner la décision aux machines
Quatre objectifs sont assignés aux groupes thématiques numériques coordonnés par la Direction du numérique pour l’Éducation (bureau TN2 chargé du soutien à l’innovation numérique et à la recherche appliquée) :
- Faire l’état des lieux de la recherche sur la thématique fixée ;
- Croiser les apports de la recherche avec les retours d’expériences des acteurs de terrains, dans leurs acquis comme dans les difficultés rencontrées, et produire des connaissances et des éléments d’orientation stratégique, des leviers d’action ;
- Proposer des scénarii prospectifs et des actions concrètes permettant d’exploiter les technologies numériques à des fins éducatives et pédagogiques à partir des attendus de la recherche ;
- Travailler en relation avec le conseil scientifique de l’Education nationale, ou bien encore avec les institutions européennes ou mondiales engagées dans l’Open Education (action numérique et éducation).
Les publications des GTnum sont mises en ligne sur Eduscol et sur le carnet Hypothèses “Education, numérique et recherche” https://edunumrech.hypotheses.org/ et diffusées régulièrement auprès des académies et régions académiques.
Une rentrée hors normes !
L’enquête conduite par Synlab du 26 au 29 juin 2020 nous donne à penser les axes d’évolution possible de l’École. Reprenant les 3 questions que Bruno Latour avait posées à la société civile, s’interrogeant sur le visage que pourrait revêtir le monde d’après (que faut-il jeter, garder, changer ?) pour les appliquer au monde de l’Education nationale, Synlab a donné la parole à celles et ceux qui sont en première ligne : les enseignantes et les enseignants.
Le lien, le groupe, le présentiel, ce qui fonde la relation enseignant enfant sont fortement mis en avant comme les fondamentaux à conserver.
Les enseignants rappellent aussi leur attachement aux valeurs humaines et républicaines portées par l’école qui fondent leur engagement pour le service public. Ainsi la bienveillance, le partage et le vivre ensemble sont largement plébiscités comme des éléments socles. Et ceci au service d’une pédagogie qui s’adapte et se fait au plus près des particularités des enfants.
Il y a une demande claire d’accentuer la personnalisation et les possibilités d’inclusion au sein de l’école.
https://www.educavox.fr/accueil/breves/inventer-l-ecole-d-apres
Quid du numérique éducatif ?
Après des années de critiques, de menaces de dangers des écrans, le numérique devient le seul recours à des enfants privés d’école…Et il montre là ses limites. Manque de matériels efficaces, formations insuffisantes, usages sociaux et scolaires trop différents, autonomie des élèves, questions éthique, inégalités dans les territoires, programmes et formes scolaires rigides…besoin de projets et du groupe pour construire des apprentissages …Autant de points révélés au grand jour par le confinement. Et pourtant ! Sans le numérique comment aurions-nous pu, coûte que coûte créer des échanges. Et je ne reviens pas sur les forces déployées par tous pour créer du contenu, du lien…Des enfants ont suivi, d’autres ont décroché…
https://educavox.fr/les-reportages/content/377-confinements-et-numeriques/
La place du numérique se repose donc et cette expérience l’éclaire peut-être d’un regard nouveau.
Bruno Devauchelle : « L’illusion de la transformation de la pédagogie par le numérique doit laisser la place désormais à la recherche conjointe des évolutions pédagogiques d’une part et d’une approche critique des technologies du numérique et de leurs évolutions. »
Le jeudi 27 août, à Ruralitic, le débat sur EDUCATION et CONTINUITE EDUCATIVE a permis de saisir comment l’école à la maison a connu son premier test grandeur nature.
Comme l’indique Sébastien Côte, 12 millions d’élèves confinés et plus de 800.000 enseignants ont été projetés dans une classe « à distance » d’un seul coup. Il y a eu les décrocheurs, ceux qui n’étaient pas outillés pour cette bascule. Il y a eu aussi les « raccrocheurs », ceux qui se sont découverts une relation fluide à l’enseignement à travers l’autonomie que leur procurait la situation.
Quelles sont donc les leçons à retirer de la séquence en matière de pédagogie utilisant le numérique, et plus largement de continuité éducative entre le scolaire, le périscolaire et tout le territoire ?
https://www.educavox.fr/alaune/e-education-et-continuite-educative
Acteurs des territoires, tous concernés !
La crise a une fois encore et de manière brutale, pointé les inégalités dans les territoires, leurs investissements différents et surtout leur potentiel à condition que les moyens soient mis en œuvre rapidement et qu'un accompagnement soit prévu en matériel et en présentiel car nous connaissons bien les processus de décrochage. La dématérialisation des services publics, des administrations, le changement de logique de la prise en compte globale des difficultés par des personnes à une réponse séquentielle et robotisée en ligne ne facilite pas les transitions. On doit passer de l'incantation à l'opérationnalisation !
Les états généraux du numérique apporteront-ils des réponses issues des concertations locales ? Arriverons-nous à croiser les travaux de la recherche, les questions qui se posent à l’échelle mondiale, les contraintes et les innovations du terrain d’actions, les innovations des EdTech, arriverons-nous à créer une culture commune afin qu’un continuum éducatif se profile dans notre société ? Le salut ne viendra pas que du numérique mais bien de la capacité à mettre en musique une nouvelle approche globale de l'éducation !
Rencontre avec Jean-Marc Merriaux, directeur de la Direction du Numérique pour l’Education au ministère de l’Education nationale de la Jeunesse et des Sports
JMM : " La question qu’il faut se poser est : Quelle est notre capacité à construire des communs de l’éducation numérique " pour l’ensemble des acteurs de l’éducation nationale, personnels administratifs ou enseignants ? Des outils collaboratifs, avec aussi ce qui est fait par l’État, en tant qu’espace numérique de travail des agents.
Il faut absolument renforcer les compétences numériques des élèves, parce qu’il y a eu des élèves qui étaient en fracture numérique, de même pour les enseignants.
Il y a aussi une autre dimension importante : la place de la famille et des parents qui se sont trouvés confrontés à des choses dont ils n’avaient pas l’habitude, ils ont dû utiliser des outils et des situations inhabituelles. Certains ont mieux géré que d’autres. L’accompagnement des familles et des parents est essentiel.
Il y a eu aussi des enjeux de gouvernance : notre capacité à rencontrer tous les acteurs. On a beaucoup vu les collectivités, les comités de partenaires, les acteurs de la Edtech, tout l’éco-système avec lequel on doit pouvoir travailler différemment. Il faut que ce ministère soit en capacité d’anticiper ce type de situation."
Beaucoup vont s'investir, beaucoup espèrent, la dimension temporelle est forcément à prendre en compte et cependant on a envie de dire : urgences.
Michelle Laurissergues
Dernière modification le lundi, 19 octobre 2020