L’éducation doit poursuivre ses engagements et l’article de Jean-Christophe Torres, publié cette semaine repose bien la relation de l’école avec les fondements de la laïcité : http://www.educavox.fr/accueil/debats/les-sciences-doivent-elle-laisser-une-place-aux-croyances-dans-l-ecole-de-la-republique
Les questionnements
La complexité du monde se révèle partout et j’ai choisi là de m’appuyer sur des articles publiés sur Educavox et qui démontrent des problématiques de fond, la lente évolution de la pensée, la difficile transformation de la société qui craint le changement, l’extraordinaire foisonnement des technologies et des expériences qui obligent une articulation entre nos pratiques et les questions éthiques et philosophiques.
Par cet article publié sur le site de François-Bernard Huyghe, l’auteur s’interroge par la médiologie, sur l’influence des réseaux sociaux sur nos modes de pensée et sur les influences de nos conduites sociales avec la question :
Comment des communautés et des convictions s'inscrivent-elles dans le temps ? http://www.educavox.fr/accueil/debats/transmission-et-communication-la-mediologie
Thierry Curiale, lui, dans un autre article, note en préambule :
Ce que l’on appelle «le numérique » semble aujourd’hui en passe d’exercer une contingence significative sur toutes les puissances éducatives et formatives qui pourrait les obliger à changer radicalement leurs représentations, leurs orientations, leurs modes de fonctionnement comme leurs pratiques et ainsi à se métamorphoser.
Et de poursuivre :
Le modèle d’enseignement magistral, vertical, descendant, fondé sur une certaine passivité des apprenants instituant à la fois de la dépendance à l’égard d’un seul et une certaine monotonie, semble remis en cause.
Certains lui préfèrent un modèle horizontal, réticulaire, foisonnant, où chacun pourrait être un apprenant plus actif et plus engagé dans le processus même d’un apprentissage que l’ère du numérique permet d’être plus ouvert et davantage collaboratif. Un modèle instituant à la fois de l’interdépendance et de l’impermanence - caractéristiques propres au vivant -, dont on commence toutefois à percevoir les limites tant il génère parfois divers phénomènes empoisonnants comme, par exemple, l’infobésité : une sorte de « data malbouffe » s’instaure alors même qu’une donnée simple n’est pas encore une information et encore moins une contribution à la constitution de savoirs et au développement de compétences
Et d’esquisser une explication « de la volonté de puissance et d’exercice de la domination avec tout ce qu’elle comporte de potentiel destructif. Notre monde et toute vie qui le peuple en fait depuis trop longtemps les frais ».
Et de citer Pierre Baudry qui stipule « qu’apprendre ensemble nous conduise à nous connaître davantage ». Lire l’intégralité de l’article : http://www.educavox.fr/formation/analyse/de-la-facilitation-a-l-individuation
Lors de la table ronde des boussoles du numérique : la culture scientifique d’une société connectée, André Giordan affirme :
Le contexte scolaire actuel « fait » au mieux de jeunes consommateurs, pas des acteurs, encore moins des citoyens… Enfin, il s’agit aujourd’hui de ne pas penser uniquement école. L’apprendre implique une synergie école, médias, lieux de savoirs, chercheurs.
A voir ou à revoir la vidéo : http://www.educavox.fr/alaune/la-culture-scientifique-d-une-societe-connectee
Lire également le complément d’analyse d’André Giordan : http://www.educavox.fr/formation/analyse/education-scientifique-et-numerique
Les outils
Les outils sont certes des technologies mais surtout ce que j’appellerai de la « connectique politique et ingénieriale… ».
La DNE, bien identifiée par tous les acteurs du numérique éducatif, est devenue un « instrument de coordination et de pilotage du numérique pour l'Education, construit dans une démarche collaborative » affirmait Catherine Becchetti Bizot.
Quel regard sur la DNE porte le nouveau directeur ? Quelle évolution pour l'avenir ?
« On est à la fois dans la modernisation du service public et dans la transformation de l'acte pédagogique » affirme Mathieu JEANDRON qui ajoute : « on est un petit peu la direction clef de voûte de la transformation à venir du ministère, le « poil à gratter », le précurseur.. »
Avec une double culture qui en fait son originalité et sa richesse :
« La DNE c'est une association extrêmement riche et fructueuse entre la culture informatique (culture d'ingénieur et de projet), et la culture du développement des usages pédagogiques (très orientée sur l'innovation). »
Voir ou revoir les interviews réalisées par Claude Tran :
http://www.educavox.fr/accueil/interviews/mathieu-jeandron
http://www.educavox.fr/accueil/interviews/mathieu-jeandron-le-bottom-up-c-est-le-coeur-du-reacteur
Les pratiques
Des choix clairs, une mise en œuvre concertée …Reste qu’ensuite il s’agit de transformer des pratiques tant du côté de l’administration que du côté des enseignants, les représentations des parents et de la société…Là encore il s’agit d’un processus lent, complexe, si on en revient aux analyses citées en début de cet article.
Et tout ne semble pas aller de soi : Michel Guillou : http://www.educavox.fr/accueil/debats/5-bonnes-raisons-de-croire-que-l-immobilisme-continue-sa-marche-vers-l-avant
Pierre Frackowiak : http://www.educavox.fr/accueil/debats/mixite-sociale-ou-scolaire-encore-du-bricolage
Les enseignants si toutefois les conditions sont réunies, Très Haut Débit, outils, programmes, ressources, accompagnement, travail collaboratif, ouverture au projet et à l’interdisciplinarité, dispositifs innovants, modification des approches administratives ont également besoin de formation au plus haut point et le temps formation aujourd’hui semble quelque peu obsolète au regard des besoins et des enjeux.
(Citons par exemple cet article : http://www.educavox.fr/formation/conference/questions-ouvertes-pour-l-ecole-du-xxie-siecle-formation-des-maitres-mission-impossible)
La formation
Les interrogations philosophiques, éthiques, les outils opérationnels, l’accélération des technologies dans les usages, les initiatives des jeunes dans les pratiques sociales et la mise en œuvre de nouveaux métiers, sont bien à intégrer dans les approches d’une formation au cœur d’un processus de transformation de la société.
Jean-Paul Moiraud affirme que certaines questions vont se poser avec acuité dans un futur plus ou moins proche :
- Quel est le temps de translation entre le domicile et le lieu de travail ? Ce temps stérile et improductif ne cesse d'augmenter, peut-on continuer à s'en accommoder ? Quel est le statut de ces espaces transitionnels ?
- L'immobilier éducatif institutionnel intègre de plus en plus le numérique. Quel peut être le modèle type du lieu d'apprentissage ou de formation ? ;
- Peut-on encore ignorer l'espace privé des apprenants et des enseignants dans les processus de formation ? Il est devenu une dimension significative mais ignorée de l'apprentissage et de l'enseignement ;
- Comment peut-on imaginer un nouveau management quand se développe une diversité d'espaces de formation (réel, virtuel, réel institutionnel, réel privé, virtuel institutionnel, virtuel privé). Ils font voler en éclat le principe panoptique ? Voir, ne pas voir pourrait résumer la problématique. Ce management hétéro-spatialisé devra s'orienter vers une capacité à aider, à accompagner les transformations, à être bienveillant plus qu'à se retrancher derrière des textes (forcément en retard d'une bataille) ;
- Peut-on continuer à entasser des étudiants dans des amphithéâtres pour simplement écouter dans des conditions non optimales ? - "Pour les autres, majoritaires, direction l’amphithéâtre Léon-Binet et ses 900 places, à quelques étages de là, où ils pourront suivre le même cours, retransmis sur grand écran."
http://www.educavox.fr/alaune/espace-de-formation-et-collaboration-si-on-essayait-vraiment
Ne pas intégrer toutes ces dimensions ferait gagner « le laisser faire ». De plus la technologie risque de se centrer uniquement sur les profits au détriment du choix d’une « société connective » favorisant l’éducation ouverte, l’intelligence collective, le partage et l’inclusion de tous ceux qui ne peuvent entrer dans le monde numérique (et l'humanité).(Interview sur les enjeux de la société numérique Joël de Rosnay en ouverture des Boussoles 3 : http://www.educavox.fr/accueil/reportages/joel-de-rosnay-interview-en-ouverture-boussoles3)
Un retour des citoyens vers la politique, dans le sens le plus noble du terme, alliant démocratie, gestion et anticipation me semble primordial…Le désamour ambiant souvent alimenté par une presse à sensation livrée à l’audience et à la désinformation en boucle est malsain pour une démocratie. C'est bien le monde politique qui devra relever les défis avec chacun d’entre nous.
Michelle Laurissergues
Présidente de l'An@é
Dernière modification le mardi, 10 janvier 2017